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Chroniques du 5 Décembre.

Sommaire

Le  "Jeu de Saint-Nicolas".

Pas d’anticipation sur la fête du grand saint patron des écoliers et des enfants. Non, je respecte la date de création de ce Jeu médiéval, le 5 Décembre (vigile de la Saint-Nicolas d’hiver) à Arras, dans le Nord, ce qui fera plaisir à nos amis de Nordlist.

Ce miracle dramatique est l’œuvre du trouvère arrageois Jean Bodel. La datation n’est pas certaine car le prologue est apocryphe (A. Henry), mais reste plausible. C’est donc la plus ancienne pièce de théâtre entièrement en français qui nous soit parvenue, après le Jeu d’Adam , dont les liens avec la liturgie restent étroits et dont le prologue et les indications scéniques sont encore en latin.

Le Jeu de saint Nicolas  prend pour thème un miracle du saint, connu en Occident par la "Vita"  de Jean Diacre traduite en français au XIIe siècle par Wace, et auquel sont consacrés deux drames semi-liturgiques latins. Jean Bodel en a sensiblement modifié la trame traditionnelle. Voici l’argument de sa pièce : un roi sarrasin, dont les terres sont envahies par une croisade chrétienne, remporte la victoire sur les chrétiens qui sont massacrés. Un prud’homme, que ses émirs ont capturé alors qu’il était en prière à l’écart des combattants devant une image de saint Nicolas, le convainc de confier son trésor à la seule garde du saint, en se portant garant de son efficacité sur sa vie. Trois voleurs s’emparent du trésor, mais saint Nicolas les oblige à le rendre, sauvant ainsi le prud’homme et obtenant la conversion du roi et de tous ses vassaux.

Lorsque Jean Bodel compose cette pièce, il vient de prendre la croix à la suite de la prédication de Foulques de Neuilly, qui prélude à la quatrième Croisade. Son œuvre, dont certaines scènes, non dénuées de grandeur, reprennent les motifs traditionnels et le style même de la chanson de geste, est animée par l’esprit de la croisade, mais propose en outre une réflexion sur la nature véritable des victoires de la foi. À la fin du XIIe siècle, les chrétiens ont perdu Jérusalem et l’Empire latin d’Orient est menacé. Comment se peut-il que Dieu tolère l’échec temporel des croisades entreprises en son nom ?

Dans le Jeu de saint Nicolas , les chrétiens, matériellement vaincus, sont doublement vainqueurs. Mourant pour la foi, ils reçoivent la palme du martyre et la gloire du paradis. Et le roi sarrasin vainqueur se convertit cependant au christianisme, touché par d’autres arguments que la force des armes.

Enfin, une partie importante de la pièce est consacrée à des scènes de taverne, au cours desquelles le royaume sarrasin où se déroule l’action est complètement oublié au profit de la peinture réaliste et pittoresque de la vie quotidienne arrageoise. On y voit, entre autres, un aubergiste qui vend son vin bon marché, mais s’arrange pour ne pas pouvoir rendre la monnaie, de mauvais garçons ivrognes, joueurs et querelleurs qui jouent les tournées aux dés, trichent, mettent leurs vêtements en gage pour boire.

Tiens, amis du Nord, était-ce comme cela à Lille au " Roi des Gueux " ? ? ?

Bodel.

Jean Bodel d’Arras est connu pour son œuvre littéraire en français, quoique le latin y soit encore présent.

Ce trouvère arrageois est né en 1167 (environ) ; il débute dans la carrière littéraire comme jongleur vers 1190.

En 1194, il est membre de la confrérie des jongleurs et bourgeois d’Arras en même temps que sergent de l’échevinage. Il prend la croix en 1199 ou 1200, lors de la prédication de Foulques de Neuilly qui prélude à la IVe Croisade, mais, devenu lépreux en 1202, il se retire à la léproserie de Beaurain, près d’Arras, où il meurt.

Son œuvre est variée. Neuf fabliaux (" Vilain de Farbu "  ; " Vilain de Bailleul "  ; " Gombert et les deux clercs "  ; " Brunain, la vache du prêtre "  ; " Le Souhait des sens égarés " ; " Le Loup et l’Oie "  ; " Les Souhaits que saint Martin accorda à Envieux et à Convoiteux " ; " Haimet et Barat "  ; " Les Deux Chevaux " ) font de lui l’un des premiers représentants de la littérature réaliste bourgeoise qui apparaît à cette époque dans les villes marchandes du nord de la France.

Cette orientation est confirmée par ses cinq pastourelles, poèmes dont la situation de base est dans l’esprit du fabliau et qui témoignent de son intérêt pour les manifestations marginales et parodiques du lyrisme courtois. Entre 1197 et 1200, à une époque où le genre s’épuise, il compose une chanson de geste romanesque en alexandrins, " La Chanson des Saisnes " , qui traite, comme le titre l’indique, des luttes de Charlemagne contre les Saxons.

Le 5 décembre 1200, il fait représenter le Jeu de saint Nicolas , drame semi-religieux où se mêlent l’écho des croisades et la peinture de la vie quotidienne à Arras.

Atteint par la lèpre, il adresse en 1202 dans ses " Congés "  un émouvant adieu à ses amis.

1766

Louis-Antoine comte de Bougainville prend la mer à Brest pour une expédition de découvertes.

Ce navigateur français, né en 1729, après des études scientifiques et littéraires, débute dans la carrière des armes comme officier de l’armée de terre et participe à la défense du Canada sous les ordres de Montcalm, dont il est l’aide de camp (1756-1760).

La paix revenue, il entre dans la marine et est nommé capitaine de vaisseau en 1763. Il tente alors d’établir une colonie dans les îles Malouines (les îles Falkland actuelles), mais doit procéder à son évacuation devant les protestations de l’Espagne (1764-1767).

Son principal titre de gloire est d’avoir bouclé le quatorzième tour du monde, le premier réalisé de façon officielle et scientifique par un Français (1766-1769). Son expédition s’inscrit dans le mouvement de découvertes maritimes qui caractérise la seconde moitié du XVIIIe siècle et dont les objectifs essentiels sont l’exploration du Pacifique, la recherche de l’hypothétique continent austral, ainsi que le désir de conquérir de nouvelles colonies et de nouveaux marchés après les défaites de la guerre de Sept Ans.

Parti de Brest le 5 décembre 1766 à bord de la frégate " La Boudeuse "  que rallie la flûte " L’Étoile " , il franchit le détroit de Magellan, séjourne à Tahiti, dont il fait une description émerveillée (avril 1768), poursuit sa route par les Nouvelles-Hébrides, les atterrages nord de la Nouvelle-Guinée et les Moluques, fait escale à l’île de France (actuellement, l’île Maurice) et achève son périple à Saint-Malo le 16 mars 1769, après avoir doublé le cap de Bonne-Espérance. Son compte rendu de mission (" Voyage autour du monde " , 1771) connaît un énorme succès et suscite un regain d’intérêt pour les bons sauvages et l’état de nature.

Il poursuit sa carrière maritime et prend part à la guerre d’Indépendance américaine, sous les ordres des comtes d’Estaing et de Grasse (1778-1782).

La Révolution en fait un vice-amiral ; mais, devant l’indiscipline qui sévit parmi les équipages de la flotte, il démissionne après avoir refusé le ministère de la Marine en 1792. Arrêté pendant la Terreur, il est libéré par la chute de Robespierre. Bonaparte le comble de dignités : sénateur (1799), grand officier de la Légion d’honneur (1804), comte d’Empire (1808).

Sa dernière fonction officielle fut de présider le conseil de guerre qui jugea les responsables du désastre de Trafalgar en 1809.

1793

Naissance du journal des Indulgents.

Au sein du parti montagnard s’est développé en France, devant les excès de la Terreur, un mouvement qui reçut le nom de faction des indulgents. Ces indulgents souhaitent un retour à la paix intérieure et extérieure et la fin des excès terroristes. Leur chef de file est Danton, leur porte-parole Camille Desmoulins qui fonde un journal, " Le Vieux Cordelier " , le 5 décembre 1793.

Ce journal ne connaît que sept numéros. Desmoulins y dénonce la Terreur et réclame la création d’un "comité de clémence". Les indulgents peuvent compter sur l’appui du général Westermann qui s’illustre en Vendée. L’attitude des indulgents est apparemment généreuse, mais, dans la réalité, nullement désintéressée. Certains indulgents comme Fabre d’Églantine ne sont-ils pas compromis dans des spéculations financières qui les exposent, en cas de découverte, à un sévère châtiment ?

Le 8 janvier 1794, Robespierre prononce au club des Jacobins un discours virulent, englobant dans une même réprobation les hébertistes partisans de la Terreur à outrance et les indulgents qui souhaitent l’arrêter : "Ceux qui sont d’un génie ardent et d’un caractère exagéré proposent des mesures ultra-révolutionnaires, ceux qui sont d’un esprit plus doux et plus modéré proposent des moyens citra-révolutionnaires. Ils se combattent entre eux, mais que l’un ou l’autre soit victorieux, peu leur importe. Comme l’un ou l’autre système doit également perdre la République, ils obtiennent un résultat également certain."

Les hébertistes sont les premiers frappés. Le 30 mars, c’est au tour des indulgents. Pêle-mêle, fripons et indulgents, Danton, Desmoulins, Hérault de Séchelles, Westermann et les députés compromis dans la falsification du décret supprimant la Compagnie des Indes, Fabre d’Églantine, Chabot et Basire, sont condamnés à mort par le Tribunal révolutionnaire et exécutés le 5 avril 1794. Cette condamnation fit impression sur la Convention et commença de l’inquiéter sur les desseins de Robespierre.

A propos de Fabre d’Eglantine, auteur de la comptine " Il pleut, il pleut bergère … " vous pouvez vous référer à la Chronique du 25 Octobre 1793 (création du Calendrier Républicain) ou du 5 Avril 1794 (et/ou 18 et 30 Mars 1794).

1890

Naissance de Fritz Lang, l’un des monuments incontournables du 7° Art, cinéaste américain mais d'origine autrichienne.

Fils d'un célèbre architecte viennois, Fritz Lang commença par suivre des cours de peinture et d'architecture, d'abord à Vienne où il naquit, puis à Munich. Au retour d'un voyage en Extrême-Orient, où il semble qu'il ait gagné sa vie comme peintre, il s'installa à Paris, puis s'engagea dans l'armée autrichienne lorsque se déclara la Première Guerre mondiale. Réformé après avoir été blessé à plusieurs reprises, il débuta, sous la férule d'Erich Pommer, comme scénariste à Berlin, dans la société de production Decla.

F. Lang se dirigea vers la réalisation en 1919. Son premier film important fut " les Araignées " (Die Spinnen), réalisé en 1919-1920. Dans ce film à suspense, comme dans la plupart de ceux qui suivirent, F. Lang posa l'essentiel de son langage esthétique, fondé sur un jeu de prises de vues créant à l'arrière-plan de l'action des motifs géométriques qui ne sont pas sans rappeler certaines peintures abstraites.

Il connut son premier véritable succès avec " les Trois Lumières " (Der müde Tod, 1921) qui lui assura, outre une renommée internationale, l'indépendance financière. Ses films, comme " Siegfried " (1923), " Metropolis " (1927) — fantaisie futuriste d'une grande puissance visuelle — ou encore " M le maudit " (1931) — film à suspense où un tueur d'enfants est pourchassé à la fois par la police et par des gangs criminels — affichent un germanisme qui, pour être ambigu, n'en séduit pas moins les nazis.

Ainsi F. Lang s'entendit-il proposer par Gœbbels, en 1933, une collaboration au régime en place. Alors que sa seconde femme et collaboratrice, Thea von Harbou dont il venait de se séparer, rejoignit le régime nazi, F. Lang quitta sur-le-champ l'Allemagne pour la France, puis pour les États-Unis.

Il réalisa des films pour diverses compagnies de production américaines, parmi lesquels " Furie " qui l'imposa en Amérique en 1936, " J'ai le droit de vivre " (You Only Live Once, 1937) et " Désirs humains " (Human Desire, 1954), où il continua de traiter des thèmes tels que la persécution et la soif du pouvoir. De retour en Allemagne, il tourna son dernier film, " le Diabolique Docteur Mabuse " (The Thousand Eyes of Dr Mabuse, 1960).

1901

Naissance de Walt Disney, enchanteur moderne, réalisateur et producteur américain de dessins animés.

Walter Elias Disney est né à Chicago le 5 décembre 1901. Après avoir fréquenté brièvement les écoles d'art de Chicago et de Kansas City, Walt Disney, dès 1923, réalisa des dessins animés à Hollywood, en association avec son frère Roy O. Disney.

De 1926 à 1928, il créa la série de dessins animés, " Oswald le joyeux lapin " (Oswald the Rabbit) pour le studio Universal Pictures. Puis il inventa la souris " Mickey " (Mickey Mouse), son personnage de dessin animé le plus célèbre, dans " Steamboat Willie " (1928), qui fut produit par sa propre société. Ce film fut aussi le premier dessin animé sonore. Disney créa ensuite la série des " Silly Symphonies ", inaugurée par la Danse macabre (Skeleton Dance, 1929). Dans cette même série, Disney utilisa la couleur pour la première fois dans " Flowers and Trees " (Fleurs et Arbres, 1932).

Enfin, il créa le dessin animé de long métrage avec " Blanche-Neige et les sept nains " (Snow-White and the Seven Dwarfs, 1937), qui sera suivi d'autres dessins animés du même type : " Pinocchio " (1940), " Fantasia " (1941) et " Bambi " (1942).

Dans les années 1950 et 1960, la société de production Walt Disney comptait parmi les plus importantes sociétés de production de films pour le cinéma et la télévision. Face à l'expansion de ses activités, Disney fit en sorte de garder autant que possible le contrôle artistique de ses productions. Sa société publia des livres pour enfants et, par l'intermédiaire de syndicats de distribution, des bandes dessinées, dont la plupart mettaient en vedette des personnages tels que le canard " Donald Duck " et le chien " Pluto ".

En 1955, la société de production Walt Disney inaugura un immense parc d'attractions baptisé " Disneyland ", à Anaheim, en Californie, qui, avec ses reconstitutions historiques, ses spectacles et ses parades, devint un site touristique très fréquenté.

Puis, en 1971, le parc Disney World fut créé près d'Orlando, en Floride. Entre-temps, la société réalisa plusieurs documentaires, dont " le Désert vivant " (The Living Desert, 1953) et " les Secrets de la vie " (Secrets of Life, 1956).

À partir de 1950, la société Disney réalisa des films d'aventures non dessinés, dont " l'Île au trésor " (Treasure Island, 1950), l’inoubliable chef d’œuvre de Stevenson dont je parlais il y a quelques jours, " Robin des Bois " (Robin Hood, 1951), et "  Mary Poppins " (1964).

La société Disney continua toutefois à réaliser des dessins animés dont " Peter Pan " (1953) et " l'Épée et la Rose " (The Sword in the Stone, 1963). Elle fut également l'auteur des séries télévisées " Davy Crockett ", " The Mickey Mouse Club " (le Club de Mickey) et " Walt Disney's Wonderful World of Color " (Le merveilleux monde en couleurs de Walt Disney).

Disney remporta vingt-six oscars au cours de sa carrière. Il est mort en 1966.

1976

Naissance du R.P.R, créé par Jacques Chirac, premier ministre démissionnaire de Valéry Giscard d’Estaing.

J’en ai parlé le 28 Octobre (1958), référez-vous à cette Chronique.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 18/12/98, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !