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Chroniques du 9 Décembre.

Sommaire.

1442

Barthélemy d’Eyck, peintre du roi René d’Anjou, laisse un testament daté et lègue un triptyque.

Originaire du Limbourg, il s’est probablement formé dans cette contrée avant de devenir en France le peintre du roi René d’Anjou. Très proche de son maître, il l’accompagne en Provence et y travaille comme peintre et enlumineur. Il exécute assez jeune une partie de l’illustration d’un livre d’heures. Ses œuvres majeures sont le " triptyque de l’Annonciation " d’Aix commandé par un des fournisseurs du roi René, puis l’illustration de trois manuscrits dont un, " Le Cœur d’Amour épris "  fut rédigé par René d’Anjou lui-même. Ses qualités de paysagiste, de narrateur plein de fantaisie, son attention à la lumière provençale font de lui un des peintres les plus originaux et les plus attachants de son époque.

De longues recherches ont rendu presque certaine l’identification du maître du roi René avec Barthélemy d’Eyck. Originaire de Maeseyck, sa mère Ydria Exters a été mariée en premières noces avec un homme nommé d’Eyck, père de Barthélemy. Nous n’en savons pas plus. Mais nous la retrouvons en Provence avec son second mari Peter van Bijland, peintre et brodeur dont le nom francisé en Pierre du Billant ou Dubillant apparaît souvent dans les documents. Barthélemy est-il né à Maeseyck ? Son œuvre révèle en effet une connaissance approfondie de l’art de son homonyme Jan van Eyck, du maître de Flémalle et des enlumineurs des Pays-Bas du Sud. A-t-il travaillé d’abord pour la cour de Bourgogne ? Quoi qu’il en soit, René d’Anjou (1409-1480) le découvre de bonne heure.

L’on constate des traces de son influence sur les enlumineurs napolitains et l’on pense qu’il aurait pu avoir accompagné le roi à Naples où il séjourna de 1438 à 1442. Barthélemy est aussi appelé " le frère jumeau de Konrad Witz " et l’on relève " leur modelé puissant basé sur des schémas stéréométriques, leur perspective audacieuse, leur style de drapé rigide, leurs ombres triangulaires et dures ".

Certains détails de ses architectures font penser à celles des Heures de Louis de Savoie. En tout état de cause, Barthélemy se trouvait à Aix en 1443-1444 encore jeune, mais peintre de grande notoriété, car le drapier de René d’Anjou, Pierre Corpici, lui commande un retable connu aujourd’hui sous le nom de retable de l’Annonciation d’Aix.

Selon un testament du 9 décembre 1442, ce triptyque devait être placé sur un autel érigé à l’endroit de la sépulture de la famille Corpici, dans l’église Saint-Sauveur d’Aix. Il fut démembré et dispersé au cours des siècles et seul le panneau central se trouve encore à Aix dans l’église Sainte-Marie-Madeleine. Les volets latéraux furent identifiés par Hulin de Loo dans différents musées et dans des collections privées, ce qui permet donc de reconstituer l’ensemble.

De nombreux détails trahissent la formation septentrionale du peintre. Le pupitre devant la Vierge est presque identique à celui qu’ont dessiné les frères Limbourg, d’autres détails iconographiques sont dans la tradition des grands maîtres de son pays d’origine ; certains chercheurs ont évoqué une parenté éventuelle avec Hubert et Jan van Eyck.  

1893

Auguste Vaillant, anarchiste, jette une bombe en pleine Assemblée.

Né en 1861, dans les Ardennes, Vaillant connaît une enfance misérable. À l’âge de douze ans, il vit seul à Paris où il est condamné pour mendicité et vol. Successivement apprenti pâtissier, frappeur, cordonnier, laboureur, il est attiré par les doctrines socialistes et milite aux Indépendants de Montmartre. En 1890, il émigre en Argentine, mais il y échoue et rentre en France. La misère dans laquelle il se trouve avec sa famille le pousse alors à préparer l’attentat contre la Chambre des députés. Le 9 décembre 1893, il jette en pleine Assemblée une bombe qui blesse un grand nombre de personnes et lui-même. Son procès est expédié en une seule audience : il est condamné à mort. C’est la première fois depuis le début du siècle qu’on condamne à la peine capitale un homme qui n’a pas tué. Bien qu’une pétition demandant l’indulgence ait recueilli à la Chambre soixante signatures, Vaillant est exécuté le 5 février 1894. Avant de mourir, il s’écrie : "Mort à la société bourgeoise et vive l’anarchie ;" Contrairement aux actes de Ravachol, qui furent très controversés, le geste de Vaillant ne recueillit que des approbations dans les milieux anarchistes. Il est vrai que la Chambre des députés venait d’être éclaboussée par le scandale de Panama. Les socialistes, quant à eux, condamnèrent vigoureusement l’"acte d’un fou".

La question d’une provocation reste posée : c’est, en effet, à la suite de l’attentat qu’est votée la série de lois dites "scélérates", destinées à réprimer toute propagande révolutionnaire, anarchiste ou non.

1905

La séparation définitive de l’Eglise et de l’Etat.

La France de la Révolution reste d’abord théoriquement fidèle au principe de l’État confessionnel avec la Constitution civile du clergé de 1790, puis les cultes de la Raison et de l’Être suprême de 1793 et 1794 ; mais, lasse des guerres de religion que toutes ces dispositions ont entraînées, la Convention, régime d’ailleurs hostile aux cultes, tout particulièrement à l’Église catholique, abroge, le 18 septembre 1794, les cultes de la Raison et de l’Être suprême et établit, par la loi du 21 janvier 1795, la séparation complète des cultes et de l’État.

Bonaparte, qui a besoin de la Religion " pour rétablir l’ordre moral et l’obéissance à l’autorité ", veut rétablir la paix en France et donc la paix religieuse ; il conclut un concordat, en 1801, avec le Saint-Siège, et adjoint unilatéralement à ce texte des articles organiques (1802), qui concernent tous les cultes.

L’ensemble du régime est le suivant : il est constaté que la religion catholique est professée par la majorité des Français, mais trois cultes sont " reconnus ", donc bénéficient d’une sorte d’investiture officielle, le culte catholique et deux cultes protestants ; par la suite, le culte israélite est également reconnu. On est donc en présence d’une œuvre de compromis, qui emprunte à la fois à l’Ancien Régime et à la Révolution.

Au cours du XIXe siècle, l’État se " déconfessionnalise " progressivement ; en 1904, le gouvernement français dénonce le concordat de 1801, et le Parlement vote, le 9 décembre 1905, la loi " sur la séparation des Églises et de l’État " : désormais, la France est, dans toute la rigueur du terme, un État non confessionnel, " laïque " (hormis l’Alsace et la Moselle, qui, redevenues françaises après la Première Guerre mondiale, sont aujourd’hui encore régies par le concordat de 1801).

Les Constitutions de 1945 et 1958 ont affirmé toutes deux cette laïcité, dont les tribunaux, à partir de 1905, avaient précisé le contenu institutionnel dans un sens libéral. Déjà, la Suisse, dans sa Constitution fédérale de 1874, était entrée dans la voie de la laïcité.

Les États de l’Europe de l’Est ont suivi ces exemples. De même, nombre d’États nés de la décolonisation (Haute-Volta, Centrafrique, Côte-d’Ivoire, Dahomey, Gabon, Guinée, Mali, Niger, Sénégal).

D’autres États nouveaux émettent des professions de foi très large (dans le préambule de sa Constitution de 1959, le peuple malgache affirme " sa croyance en Dieu "), d’autres ne se prononcent pas sur la question.

La Belgique vit toujours sous un régime semblable à celui de la France du Concordat.

Parmi les anciens États qui ont changé de régime politique, soit à la suite de révolutions, soit en conséquence des guerres de 1914-1918 ou 1939-1945, on trouve également une grande variété.

L’Espagne franquiste a renoué avec la tradition confessionnelle interrompue par le Front populaire (mais la Constitution espagnole de 1978 déclare, en son article 16, qu’il n’y a pas de religion d’État, ajoutant que les pouvoirs publics tiendront compte des croyances religieuses de la société espagnole).

Le Portugal de Salazar, dans la Constitution de 1933, déclare que la religion catholique est celle de la nation portugaise, mais décide aussitôt après que l’État maintient envers cette religion le régime de séparation.

La loi fondamentale de la République fédérale d’Allemagne de 1949 affirme que " le peuple allemand est conscient de sa responsabilité devant Dieu ".

La Constitution italienne de 1947 se contente de dire que les rapports entre l’État et l’Église catholique sont réglés par les pactes du Latran (de 1929) et que l’État et l’Église catholique sont indépendants et souverains chacun dans son ordre.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 18/12/98, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !