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Chroniques du 12 Décembre.

Sommaire.

1793

La Révolution Française n’a pas triomphé d’un seul coup. L’Ouest de la France, plus rural et Catholique, spécialement la Bretagne et la Vendée résistèrent pendant de nombreuses années. Le mouvement de la " Chouannerie " (les Chouans) pratiqua avec alternance, la guérilla et les batailles rangées.

Mais la bataille du Mans qui oppose les forces royalistes aux révolutionnaires consacre la défaite de l’opposition catholique et royaliste à la Révolution.

Henri du Vergier de LarocheJacquelein

Il est né en 1772 en Vendée. À sa sortie du collège militaire de Sorèze, où il a été élevé, Henri de La Rochejaquelein entre au régiment de Royal-Pologne cavalerie, dont son père, le marquis de La Rochejaquelein, est colonel propriétaire, puis il passe aux chasseurs de Flandre qu’il abandonne pour faire partie de la garde constitutionnelle du roi. C’est à ce titre qu’il reçoit le baptême du feu en participant, le 10 août 1792, à la défense des Tuileries.

Rentré dans ses terres, en Vendée, il refuse de se soumettre à la conscription décrétée par la République et, au printemps de 1793, il rallie quelques dizaines de paysans auxquels il aurait dit alors, dans la cour de son château de La Durbellière, les paroles fameuses : "Si j’avance, suivez-moi ; si je recule, tuez-moi ; si je meurs, vengez-moi !".

Il commence par avancer, s’empare de Bressuire le 2 mai, puis de Fontenay, et le 8 juin fait son entrée dans Saumur, ayant donné, en montant le premier à l’assaut, l’exemple d’une fougue et d’une valeur auxquelles Kléber sera le premier à rendre hommage. Ses succès ne le grisent pas et, toujours maître de lui, il modère l’ardeur vengeresse de ses hommes qui veulent faire subir aux républicains la loi du talion : "Si vous agissez comme ceux qui font le mal, leur dit-il, où est la bonne cause ;"

Partisan d’une marche rapide sur Paris, pour s’emparer de la capitale et délivrer Louis XVII, il y serait peut-être parvenu si les avis des autres chefs royalistes, entre autres ceux de Donnissan et du prince de Talmont, n’avaient prévalu. On décide de se porter en Bretagne pour y rejoindre un corps expéditionnaire anglais attendu à Saint-Malo.

La "grande armée catholique et royale", à la tête de laquelle il a succédé à d’Elbée comme généralissime, s’égare en Bretagne, suivie d’une masse de femmes, d’enfants et de bétail qui gênent ses opérations. La Rochejaquelein s’empare de Laval, de Fougères, d’Avranches, mais il échoue devant Granville et doit rebrousser chemin, harcelé par Marceau, Kléber et Westermann. Battu au Mans le 12 décembre 1793, il éprouve un nouveau désastre au passage de la Loire où ce qui reste de son armée est taillé en pièces.

Vaincu, calomnié par ses rivaux, abandonné par beaucoup, Henri de La Rochejaquelein s’enfonce dans le bocage vendéen pour y continuer, avec quelques fidèles, une lutte sans espoir. Il est tué dans un engagement, le 28 janvier 1794. Il n’avait pas 22 ans.

Jean Cottereau, surnommé Jean Chouan.

Héros de la chouannerie, Jean Cottereau avait hérité son surnom de son père Pierre, sabotier et probablement faux saunier, se servant du cri de la chouette pour se faire reconnaître de ses complices.

Il pratiquait le faux saunage avec ses frères François et René. En 1780, âgé de 23 ans, il fut poursuivi pour avoir d’abord rossé un nommé Marchois qu’il soupçonnait de l’avoir vendu aux gabelous, puis pour avoir tué à force de coups un agent de la gabelle. Il disparut à cette époque, peut-être engagé au régiment de Turenne sous un faux nom. Arrêté en 1785, il passe plusieurs années en prison.

En 1792, à Saint-Ouen-des-Prés, non loin de Laval, il ameute les paysans lors d’une tentative d’enrôlement de volontaires, bouscule les gendarmes et constitue une bande qui va s’installer dans les bois de Misedon, pour combattre les ennemis de Dieu et du roi.

Il joue un rôle actif dans la contre-révolution, favorise l’émigration. Sa tête étant mise à prix, il tente en vain, en mars 1793, de gagner l’Angleterre. En octobre 1793, il rejoint l’armée des Vendéens à Laval et participe aux combats jusqu’à la sanglante défaite du Mans, le 12 décembre 1793.

Il se replie alors dans sa forêt de Misedon, où il continue la lutte sur un terrain qui lui est plus favorable que celui d’une bataille rangée. Mais le ravitaillement est difficile dans un pays sillonné par les troupes républicaines. En juillet 1794, il est reconnu dans une ferme ; poursuivi, il attire sur lui le feu des républicains pour permettre à sa belle-sœur, enceinte, de s’échapper. Grièvement blessé, il parvient à regagner la forêt mais meurt de ses blessures ; sa tombe n’a pas été retrouvée.

La famille de Jean Chouan connut un sort aussi tragique, au service de Dieu et du roi : un de ses frères mourut à la guerre, un autre fut guillotiné, ainsi que ses deux sœurs. Seul survécut René, qui reçut des Bourbons une pension de 400 francs et mourut en 1846.

1821

Naissance de l’Homme-Plume, Gustave Flaubert, Emma Bovary va pouvoir vivre.

Fils d'un chirurgien, Gustave Flaubert connut dès l'enfance la monotonie de la vie en province (à Rouen) et s'en souviendra lorsqu'il écrira " Madame Bovary " (1857) et " le Dictionnaire des idées reçues " (1911). Il tenta de tromper son ennui en s'adonnant très tôt à la littérature. Lecteur assidu, il composa dès le lycée ses premiers textes, la plupart à dominante sombre et mélancolique. " Mémoires d'un fou ", écrit en 1838 et publié en 1900, à titre posthume, fut sa première tentative autobiographique.

Il commença sans enthousiasme ni assiduité de classiques études de droit à Paris mais, atteint d'une maladie nerveuse aux environs de l'année 1844, il dut les interrompre prématurément. Cette maladie, dont il devait souffrir jusqu'à la fin de son existence, lui permit de se consacrer exclusivement à la littérature.

Devenu un rentier précoce, il vécut dès lors retiré à Croisset, petite localité proche de Rouen où sa famille acheta une propriété. Il profita de son désœuvrement pour finir une première version de l'Éducation sentimentale. À partir de cette retraite littéraire, la légende a fait de Flaubert une sorte d'ermite ou de bénédictin de la littérature, connu pour sa grande culture, son incroyable capacité de travail et ses exigences esthétiques rigoureuses.

Il est vrai qu'il ne quitta plus Croisset et sa table d'écrivain que pour quelques voyages, en Orient d'abord avec son ami Maxime du Camp (1849-1851), puis en Algérie et en Tunisie (1858), mais il fit aussi de longs séjours à Paris où il fréquentait les milieux littéraires. Cet isolement relatif ne l'empêchait d'ailleurs pas d'être un ami fidèle, comme l'atteste la correspondance monumentale, émouvante et spirituelle, qu'il échangea avec ses amis et ses proches, notamment avec Louise Colet — qu'il rencontra en 1846 et qui fut sa maîtresse jusqu'en 1854 —, mais aussi avec George Sand, Théophile Gautier ou Maupassant. Cette correspondance est en outre riche de nombreuses informations biographiques qui permettent d'éclairer les œuvres.

Dans la carrière de Flaubert, les échecs de librairie n'ont pas manqué, puisque ni " l'Éducation sentimentale ", ni la " Tentation de saint Antoine ", ni " le Candidat " ne trouvèrent leur public. Flaubert eut cependant un succès de scandale avec " Madame Bovary " ; " Salammbô ", son récit carthaginois, reçut également un bon accueil de la part du public mais fut systématiquement dénigré par la majorité des critiques, Sainte-Beuve en tête.

Gustave Flaubert s'éteignit à Croisset le 8 mai 1880. J’en ai parlé à cette époque dans les Chroniques du 8 Mai.

1897

La première bande dessinée américaine, " The Katzenjammerskids ", de Rudolf Dirks. C’est l’histoire de deux garnements de Brooklyn à qui il arrive toutes sortes d’aventures et de mésaventures. Un peu comme nos " Quick et Flupke " belges. Il n’a cessé de dessiner jusqu’à sa mort. Bel exemple de longévité.

Elle sera portée à l’écran, en cinéma d’animation en 1917.

1963

L’indépendance du Kénya.

Officiellement république du Kenya, ce pays d'Afrique de l'Est est baigné par l'océan Indien, bordé au nord par le Soudan et l'Éthiopie, à l'est par la Somalie et au sud par la Tanzanie. Le Kenya, dont la capitale est Nairobi, couvre une superficie de 582646 km² (20 fois la Belgique ; France = 26 X la Belgique).

Le Kenya possède plus de 400 km de côtes bordées d'îles (Lamu) et séparées de l'océan Indien par des récifs de corail. Dans la vaste plaine côtière coulent les deux principaux fleuves, Tana et Galana (appelé Athi dans son cours supérieur). Le terrain s'élève progressivement en un large plateau aride qui couvre une grande partie du nord et de l'est. Dans la zone centrale, de grandes chaînes de montagnes volcaniques culminent à 5 199 m au mont Kenya. Plus à l'ouest, l'immense dépression de la Rift Valley est marquée par une succession de falaises abruptes. Le Kenya englobe la presque totalité du lac Turkana (ou lac Rodolphe) et une petite partie du lac Victoria.

Le Kenya est traversé dans sa partie centrale par l'équateur. Les régions situées au nord de celui-ci (soit les deux tiers du pays) sont soumises à un climat désertique ou semi-désertique. Sur la côte, chaude et humide, la température moyenne varie de 24,4°C en juin-juillet à 27,8°C de février à avril. Les Hautes Terres sont plus tempérées (de 11°C à 21°C à Nairobi en juillet; de 13°C à 26°C en février). La région du lac Victoria est tropicale, avec deux saisons des pluies d'octobre à décembre et d'avril à juin.

Une mangrove de palétuviers couvre partiellement la côte, où poussent également les palmiers. Teck et santal comptent parmi les espèces précieuses de la forêt côtière. Baobabs, euphorbiacées et acacias couvrent les steppes jusqu'à une altitude de 900 m.

Les vastes étendues de savane sont parsemées de bouquets d'acacias et de papyrus — de 900 m et 2 700 m environ. Le camphrier et le bambou poussent dans les denses forêts équatoriales qui couvrent les pentes montagneuses de l'Est et du Sud-Est. Au-dessus de 3 500 m, poussent encore d'immenses plantes de type alpin (sénés, lobélies).

Le Kenya est également réputé pour sa faune riche en animaux sauvages : éléphants, rhinocéros, zèbres, girafes, lions et autres grands félins. Parcs nationaux et réserves de chasse les protègent en principe. Mais le braconnage, qui concerne principalement les porteurs d'ivoire, éléphants et rhinocéros, semble irréductible. Le Kenya abonde en oiseaux et en reptiles (pythons et cobras).

La population du Kenya était estimée à 28260 000 en 1995 (densité absolue : 50 habitants/km2). Son taux d'accroissement annuel demeurait très important sur la période 1990-1995 (3,6 p. 100). Sur la même période, l'indice de fécondité était de 6,3 enfants par femme et la mortalité infantile s'élevait à 69 p. 1 000.

Près de la moitié des Kenyans sont d'origine bantoue (Kikouyous, Kambas et Luyhas). Les Masaïs et les Luos appartiennent au groupe nilotique auquel se rattachent également les Kalenjins. Le pays abrite aussi des minorités asiatiques, européennes et arabes.

En 1952, les Mau-Mau, membres d'une société secrète kikouyou, se révoltèrent contre les autorités et les colons britanniques. La révolte des Mau-Mau, qui devait durer quatre ans, fut violemment réprimée. La répression frappa l'ensemble des Kikouyous sans distinction : 13000 d'entre eux furent tués. Kenyatta fut emprisonné pour complicité présumée avec les Mau-Mau.

Le changement, pourtant, était inéluctable : les autorités coloniales favorisèrent la constitution d'une classe moyenne africaine, en encourageant les autochtones à s'engager dans les cultures d'exportation. En 1957, les petits planteurs africains furent autorisés à élire huit représentants au Conseil législatif de la colonie.

Le mouvement indépendantiste, dans le même temps, se structurait. En 1960, fut fondée l'Union nationale africaine du Kenya (Kenya African National Union, KANU), dont Kenyatta prit la direction après sa libération, l'année suivante. Mais intervint rapidement une scission, entraînant les ethnies minoritaires opposées à la domination des Kikouyous. Ils fondèrent l'Union démocratique africaine du Kenya.

Une conférence constitutionnelle prépara l'accession à l'indépendance, effective le 12 décembre 1963. Jomo Kenyatta, dont le parti avait remporté les élections, devint président de la nouvelle République.

Contrairement aux craintes des colons, le pouvoir africain se montra modéré, pro-occidental et progressiste. La structure foncière ne fut pas radicalement modifiée. Les terres rachetées aux Européens furent redistribuées selon des critères ethniques et tribaux et une élite kenyane, en majorité formée par les Kikouyous, se constitua. La stabilité politique, due à l'hégémonie de la KANU, parti unique de facto à partir de 1969, attira d'importants investissements étrangers.

L'industrie du tourisme, reposant sur les grandes réserves nationales d'animaux sauvages, se développa rapidement et devint une ressource importante. Le prestige de Jomo Kenyatta, nommé le Mzee (l'ancien avisé), demeurait grand lorsqu'il mourut, en 1978.

Depuis cette date, les affrontements intercommunautaires se sont poursuivis. Des dizaines de milliers de Kikouyous ont été chassés de la Rift Valley par les Kalenjins et les Masaïs. Des centaines de fermiers luos ont également dû quitter leurs terres. En juillet 1995, la Grande-Bretagne suspendait à nouveau son aide au Kenya, en raison des violations des droits de l'Homme.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 18/12/98, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !