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Chroniques du 14 Décembre.

Sommaire.

164 a.c.n.

Les Maccabées sont le nom d’une famille juive qui vivait à Jérusalem au IIe siècle et qui joua un rôle important dans la sauvegarde du judaïsme face à l’hellénisme. Le nom de Maccabée n’appartenait à l’origine qu’au troisième fils du prêtre juif Mattathias, Judas, qui, le premier, combattit pour la liberté religieuse pendant la persécution d’Antiochos Épiphane ; mais, par extension, toute la famille de Judas, tous ses partisans, de même que tous les défenseurs de la religion juive durant la période grecque, furent appelés ainsi.

Le terme de Maccabée est peut-être une forme dérivée du mot maggabi  qui signifie en araméen "manieur de marteau" et s’appliquerait donc à Judas, le héros de la défense contre les persécuteurs des juifs. Il est néanmoins plus vraisemblable que ce nom vienne de la racine mqb  qui signifie "désigner" : Judas serait celui qui fut désigné par Dieu.

Lorsque le roi de Syrie, Antiochos Épiphane (moins 175 - moins 164), offrit un sacrifice à Zeus sur un autel à l’emplacement même de celui des holocaustes du temple de Jérusalem, et que toutes sortes d’ordres furent émis pour imposer, par la force, l’hellénisation aux juifs (interdiction de la circoncision, de la lecture de la Loi, nécessité de sacrifier aux dieux grecs), ce fut le signal de la révolte.

En moins 168, à Modin, le prêtre Mattathias non seulement refusa d’offrir le premier sacrifice, mais tua un juif apostat. Beaucoup, y compris les hassidim, se regroupèrent autour de lui et de ses fils. Lorsqu’il mourut en 166 a.c.n., il avait déjà désigné son fils Judas comme chef. Ce dernier fit preuve de génie militaire : en très peu de temps, il défit les généraux syriens et reprit Jérusalem à l’exception de la citadelle de l’Akra. Le temple fut purifié et le culte réintroduit le 14 décembre 164 a.c.n.. La fête juive de la Dédicace commémore encore l’événement.

Lysias, régent de la Syrie, aux prises avec de grandes difficultés dans son royaume, abandonna la guerre contre Judas de façon inattendue et garantit aux juifs en - 163 la liberté religieuse. Bien que les hassidim s’en soient trouvés satisfaits, le combat continua : les Maccabées avaient décidé de ne pas désarmer tant que leur nation ne serait pas libre aussi bien du point de vue politique que du point de vue religieux. Judas fit alliance avec Rome qui cherchait à profiter de toutes les rivalités en Orient, mais il fut tué en 161av. J.C.

Jonathas, son frère, lui succéda. Il ne possédait pas les mêmes qualités de guerrier, mais, grâce à son esprit rusé, sut tirer parti des dissensions existant à l’intérieur du royaume de Syrie. Il réussit à faire régner la paix pendant sept ans, mais finit massacré en - 143. La succession fut dévolue à Simon, le dernier survivant des fils de Mattathias. En ~ 142, il négocia l’indépendance politique de la Judée et, l’année suivante, Démétrios, roi de Syrie, le reconnut chef, grand prêtre et ethnarque de la nation juive ; de plus, ces fonctions étaient reconnues comme héréditaires, si bien que Simon devint le fondateur de la dynastie asmonéenne.

Le IIe Livre biblique des Maccabées au chapitre VII rapporte à titre exemplaire l’histoire de sept frères qui furent exécutés parce qu’ils refusaient de renoncer à la Loi juive. Ces frères, considérés comme des martyrs et des saints aux débuts du christianisme, sont également appelés "Maccabées" par la tradition.

600

Né vers 530 près de Trévise, en Italie du Nord, Venantius Honorius Clementianus Fortunatus étudia à Aquilée et à Ravenne ; il acquit une bonne connaissance de la littérature latine.

Vers 565, guéri miraculeusement par l’intercession de saint Martin de Tours (cfr Chroniques à ce sujet, le 11 Novembre, fête de St-Martin), il résolut d’accomplir auprès du tombeau de celui-ci un pèlerinage de reconnaissance, mais en prenant des chemins détournés. Il se trouva à Metz pour le mariage du roi d’Austrasie Sigebert et de Brunehaut et resta quelque temps à Paris auprès de l’évêque Germain, avant d’être accueilli à Tours par l’évêque Euphrone ; il parcourut ensuite le midi de la Gaule et finalement se fixa à Poitiers auprès de l’abbesse Radegonde, veuve du roi Clotaire, qui venait de fonder le monastère de Sainte-Croix. Il en devint l’intendant, puis le chapelain, quand il eut reçu le sacerdoce. Élu évêque de Poitiers vers 597, il semble avoir terminé sa vie en 600 à la cour d’Austrasie.

Venance Fortunat est surtout célèbre comme écrivain. Il fut un des derniers représentants de la latinité. Il a abordé tous les genres, mais sans atteindre la perfection. Il rédigea les " Vies  de plusieurs saints ", dont certains avaient été ses amis, mais préférait les éloges oratoires aux récits de faits concrets. Versifiant aisément, il se contentait de pièces de circonstance, badinant à propos de réunions amicales ou louant sans discrétion les puissants du jour.

Pourtant, il a eu quelquefois un véritable souffle poétique, spécialement dans les hymnes qu’il composa en l’honneur de la relique de la croix, donnée en 569 à Radegonde, le " Vexilla Regis "  et le " Pange lingua gloriosi praelium certaminis "  (sur le modèle duquel fut composée une version eucharistique, attribuée à St Thomas d’Aquin).

Des esprits chagrins ont voulu voir en Venance Fortunat un joyeux gourmand et un buveur : c’est prendre au tragique d’innocents passe-temps littéraires. La tradition de Poitiers l’a, depuis toujours, considéré comme un saint. Sa fête a été fixée au 14 décembre, le jour de sa mort (en 600), c’est – à – dire de sa naissance à la sainteté..

1773

La découverte par Kerguelen des îles qui portent désormais son nom.

Yves de Kerguelen de Trémarec, naquit en 1734, en Bretagne, à Landudal, près de Quimper. Ce marin commanda une expédition à la recherche d'un continent austral, en réalité inexistant, mais auquel toute la communauté scientifique de l'époque croyait fermement. Il voyagea dans les mers du sud et découvrit en particulier les îles de la Fortune et, en 1772, les îles de la Désolation, qui portent aujourd'hui son nom (îles Kerguelen).

De retour à Paris après une deuxième expédition de colonisation qui s'est avérée un échec, il est la victime d'intrigues qui réussissent à le faire emprisonner quelques années. Il est l'auteur d'une Relation des deux voyages dans les mers australes et des Indes, faits de 1771 à 1774, publiée en 1782.

1825

La mort d’un poète russe, fusillé par le pouvoir : Kondrati Fedorovitch Ryleïev.

Né en 1795, ce poète russe fut un des dirigeants décembristes. Ryleïev fut destiné par son père à la carrière militaire. Il entre dans le corps des cadets puis fait campagne en France en 1814. A son retour, il mène à Voronej la vie de garnison. Il démissionne en 1818 et s’installe à Saint-Pétersbourg.

Les idées libérales ramenées de France, l’observation de la vie provinciale ont préparé son adhésion à l’opposition que suscite la politique réactionnaire d’Araktcheïev. Il publie des poèmes d’inspiration civique dans la tradition de Lomonossov et de Derjavine, notamment " l’ode Au favori "  (K vremensciku , 1820) et entre dans la Société du Nord. Il dirige bientôt l’aile radicale de cette organisation secrète et accepte le programme républicain proposé par Pestel et la Société du Sud. Pour exalter l’héroïsme politique, il écrit et publie des poèmes historiques, " Dumy " , évoquant les exploits passés des héros nationaux : patriotisme, lutte contre l’envahisseur ou le tyran.

Pouchkine critique le schéma didactique de ces œuvres, faites de lieux communs et privées d’inspiration populaire. Il réussit mieux avec " Vojnarovskij "  (révolte de Mazeppa au nom de la liberté) et compose avec A. A. Bestoujev des chants de propagande à l’adresse des soldats dans une langue appropriée comme " Notre tsar est un Allemand russe "  (Nas car’ russkij nemec ). Herzen les publiera en 1859 à Londres dans sa revue politique "L’Étoile polaire " , reprise significative du titre de l’almanach que Ryleïev et Bestoujev ont édité de 1823 à 1825.

Il participe au soulèvement du 14 décembre 1825 (*). Identifié comme un des meneurs, il est condamné à mort et pendu avec Pestel, Muraviev Apostol, Bestoujev-Rioumine et Kakhovski. Son poème "Vais-je déshonorer à cette heure fatidique la dignité du citoyen..." exprime le caractère exemplaire pour l’avenir qu’il voulait donner à une action vouée à l’échec.

(*) Dans la saga romanesque " La Lumière des Justes ", Henri Troyat évoque cette aventure des " Décembristes ". Des nobles, des poètes, des idéalistes se révoltent contre le pouvoir en place (le tsar Nicolas Ier) et réclament des libertés. Le Tsar fait tirer la troupe. Beaucoup sont tués sur place. Les autres sont fusillés.

1911

La conquête du pôle Sud fait de nouvelles victimes.

Dès l’année 1910, Robert Falcon Scott organise un nouvel hivernage à McMurdo, la base antarctique, pour se lancer au printemps suivant vers le pôle sud. En cours de route, il apprend qu’Amundsen, bien décidé à arriver au pôle le premier, hiverne à l’autre extrémité de la plate-forme de Ross.

Le raid que le Norvégien prépare avec un soin minutieux, mettant en place, avant l’hiver, des dépôts de vivres au long de la route qui sera suivie au printemps, est un modèle d’organisation. Partis du littoral le 19 octobre, Amundsen et ses quatre compagnons, tous remarquablement entraînés, hissent le drapeau norvégien au pôle le 14 décembre 1911 et sont de retour à leur camp de départ le 25 janvier 1912, n’ayant pas utilisé tous leurs vivres.

De son côté, Scott multiplie les maladresses : il part trop tard, les dépôts de vivres et de carburant sont trop espacés et ses compagnons sont incapables de soutenir un tel effort ; néanmoins, le 17 janvier 1912, les cinq membres de l’équipe de pointe parviennent au pôle où flotte le drapeau norvégien. Il leur faut faire demi-tour alors que, déjà, le froid augmente. Retardés dans leur mouvement par la maladie de l’un d’eux, ils sont bientôt contraints de s’imposer un rationnement sévère qui les affaiblit. Le 17 février survient un premier décès, suivi d’un second le 17 mars. Les trois survivants, bloqués par une tempête de neige à 18 kilomètres d’un dépôt de vivres, mourront d’épuisement, à côté des sacs d’échantillons dont ils n’ont pas voulu se séparer.

Ce drame n’interrompt pas les recherches scientifiques que l’Allemand Filchner puis l’Australien Mawson poursuivront jusqu’au déclenchement de la Première Guerre mondiale.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 18/12/98, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !