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Chroniques du 15 Décembre

Sommaire

Quirinus

Une des 7 collines qui composent le site de la ville de Rome, l’un des plus anciens, est le Mont Quirinal. En l’honneur du dieu Quirinus.

C’est un des personnages les plus difficiles et les plus complexes du panthéon romain, et qui fut encore compliqué par les exégètes modernes. À l’époque archaïque, il formait avec Jupiter et Mars une triade cohérente et articulée. La preuve en est fournie, d’une part, par l’existence d’un flamine majeur attaché à sa personne (le troisième dans l’ordre de préséance), d’autre part, par la formule de la "dévotion" où cette triade est énoncée dans l’ordre même où sont rangés les flamines majeurs.

Son nom (dont la formation rappelle celle de dominus  ou tribunus ) renvoie à une racine qui devait désigner la totalité d’une collectivité humaine ; on pourrait le traduire par "le maître de la totalité des hommes". Son flamine intervenait dans trois fêtes d’une grande importance pour la croissance, la conservation et la consommation des céréales : le 25 avril, où l’on s’efforçait de protéger les blés des attaques de la rouille ; le 21 août et le 15 décembre, où l’on honorait le dieu protecteur de l’engrangement en étroite liaison avec la déesse de la fécondité Ops (fêtée lors des fêtes du 13 Décembre avec Cérès, cfr Chroniques du 13 décembre) et le 17 février, clôture des fêtes consacrées à la torréfaction des grains pour les rendre consommables.

Cet ensemble de données a permis depuis longtemps de reconnaître en Quirinus, dans le cadre de la triade primitive, le patron de la troisième des fonctions sociales, celle qui répond au besoin qu’a toute société d’assurer sa survie et sa perpétuation par la fécondité et la santé de ses femmes, de ses troupeaux et de ses terres, en un mot, par tout ce qui concourt à son salut physique et à sa prospérité. Mais, à la différence des fonctions de la souveraineté et de la guerre dont les contours se laissent aisément cerner, cette troisième fonction sociale offre des aspects bien plus complexes et diffus. Si, dans une théologie archaïque, Quirinus en fut le patron, il ne pouvait à lui seul, comme Jupiter ou Mars dans leur sphère propre, en récapituler tous les aspects ; la multiplicité des besoins auxquels devait répondre cette troisième fonction mettait en cause beaucoup d’autres divinités, certainement associées à Quirinus à l’origine, mais dont le nombre et la diversité ont contribué à estomper le rôle originel de ce dieu. Bien qu’il ait donné son nom à l’une des sept collines, le Quirinal, les Romains de l’âge classique ne comprenaient plus clairement le rôle de Quirinus.

Peut-être gardaient-ils pourtant le sentiment que le nom de ce dieu était à mettre en rapport avec celui des quirites , les citoyens dans leur acception civile. Dans la Rome républicaine, tout quirite, en sa qualité de mobilisable, était un soldat (miles ) en puissance ; inversement, tout soldat restait un quirite virtuel, puisqu’il était destiné à rentrer dans la vie civile. Ainsi, les deux termes quirites  et milites  formaient un couple désignant les deux obligations fondamentales du statut civique. La formation de ce couple a probablement rejailli sur Quirinus : senti comme patron des quirites , il s’est trouvé articulé avec Mars, le patron des milites . Il est devenu le "Mars paisible" ou le "Mars qui préside à la paix". Aussi bien avait-il ses armes, mais qu’on avait soin de graisser comme on fait pour les armes d’un réserviste qui a le devoir de les conserver sans pour autant s’en servir.

Cette association avec Mars explique peut-être que Quirinus soit devenu le nom du fils de Mars divinisé, Romulus. Cette assimilation n’a pourtant jamais fait perdre de vue le patronage de Quirinus sur l’état de paix. Le nouveau Romulus que voulut être Auguste aimait à entendre célébrer Quirinus-Romulus comme protecteur de cette pax romana  qu’il se vantait d’imposer au monde méditerranéen.

(Ex. " Monde Romain ")

530

Justinien, Empereur d’Orient, (Empire Byzantin) dresse un recueil des lois, les Pandectes.

Notre Code Civil est fortement influencé par le Code Napoléonien, encore que depuis quelques décennies on semble vouloir s’en affranchir. Mais l’esprit reste.

Ce Code Napoléonien n’était lui-même qu’une amélioration du Code de Justinien, consigné en 530 dans les " Pandectes ". Par ce terme d’origine grecque — pandectai , qui contient tout —, on désigne un recueil juridique, compilé sur l’ordre de l’empereur Justinien (527-565) et qui est plus connu sous son nom latin de " Digeste ". Les Pandectes sont formées de passages repris aux œuvres des jurisconsultes romains de l’époque classique, de Quintus Mucius Scaevola (mort en ~ 82) à Hermogénien et Charisius (fin IIIe s.-déb. IVe s.). Près de quarante jurisconsultes ont ainsi été utilisés, quelque 1 500 livres de droit dépouillés.

Le 15 décembre 530, Justinien chargeait de ce travail le questeur du palais, Tribonien, lequel s’entoura de collaborateurs pris parmi des avocats, des professeurs, des hauts fonctionnaires. Il était demandé à la commission de faire un choix dans les textes et, afin de mettre un terme aux incertitudes et aux controverses, d’écarter les contradictions, les solutions vieillies et, au besoin, de modifier les textes anciens pour mieux les adapter au droit du VIe siècle (interpolation). Malgré son ampleur, l’œuvre fut conduite rapidement, et les Pandectes promulguées le 15 décembre 533 entraient en application et recevaient valeur de loi le 30 décembre de la même année, sous le titre de Digesta, sive Pandecta Juris .

Les textes des juristes classiques ont été groupés par matière. Les Pandectes se divisent en cinquante livres, chaque livre contient plusieurs titres, chacun étant consacré à un point de droit particulier. Dans chaque titre figurent les fragments des œuvres des jurisconsultes, avec indication du nom de leur auteur et du titre de l’ouvrage dont ils sont tirés.

Les Pandectes constituaient ainsi une somme du droit romain dans laquelle beaucoup de solutions remontant à l’époque classique se mêlaient à quelques innovations d’époque plus récente. L’œuvre ne fut guère utilisée, ni même connue, dans les parties occidentales de l’Empire romain reconquises par Justinien, mais elle eut une grande diffusion dans l’Empire byzantin et sera utilisée dans des compilations ultérieures, spécialement dans les Basiliques.

En Occident, les Pandectes furent "découvertes" en Italie vers le milieu du XIe siècle ; leur étude fut le point de départ d’un "droit savant", dont les droits modernes sont encore tributaires.

804

Fondation de l’abbaye de Saint-Guilhem-le-désert.

Appellation étrange. Il s’agit d’un lieu au sud du Massif Central, en France. Il porte son nom p.c.q. il évoque la solitude du désert. Et ceci p.c.q. Saint-Guilhem, héros de Charlemagne, s’y retira en ermite.

Saint-Guilhem-le-Désert est d’abord un site exceptionnel, dans le cadre grandiose des gorges de l’Hérault. A la confluence d’un torrent (le Verdus) et de l’Hérault. C’est en raison de sa sauvagerie que Guillaume, comte de Toulouse, cousin de Charlemagne par sa mère Aude, fille de Charles Martel, le choisit pour terminer en odeur de sainteté une vie jusque-là consacrée aux entreprises guerrières.

Vers 804, il renonce au siècle et se fait moine à l’abbaye d’Aniane qu’avait fondée en 782 Benoît, le grand réformateur de la discipline monastique à l’époque carolingienne. Puis, peu après, sur le conseil et avec l’aide de ce dernier, il fonde non loin d’Aniane, dans le désert de Gellone, un monastère qu’il dote richement le 15 décembre 804. Il s’y retire en 806 et y meurt en 812. On pense assez communément que ce personnage historique fut l’ébauche du plus célèbre des héros de l’épopée médiévale après Charlemagne et Roland : Guillaume d’Orange.

Aux XIe et XIIe siècles, Gellone, qui devient Saint-Guilhem-le-Désert, est l’objet d’un important pèlerinage, et le Guide du pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle  fait obligation aux pèlerins empruntant la route de Toulouse de " rendre visite au corps du bienheureux confesseur Guillaume ". C’est aussi le moment où l’on reconstruit l’église et le cloître.

Du monastère carolingien, il reste de nombreux fragments du mobilier liturgique et funéraire, sous forme de panneaux et de pilastres sculptés, dont les motifs d’entrelacs et de tresses, souvent d’excellente qualité, sont exécutés en méplat ou en biseau. Une première reconstruction eut lieu vers l’an mille, entre 990 et 1006. L’église, connue par des fouilles menées entre 1962 et 1970, se caractérisait alors par une organisation du chevet tout à fait intéressante pour l’étude des cryptes édifiées durant la période intermédiaire entre les époques carolingienne et romane.

Puis à plusieurs reprises par la suite, elle subit des transformations et restaurations qui l’éloignent quelque peu de la construction d’origine. Stylistiquement, elle entretient des rapports très étroits avec le décor de la façade de Saint-Gilles-du-Gard. En outre, l’église abrite un orgue historique renommé, de style baroque méridional, dû au facteur Jean-Pierre Cavaillé, dont la construction avait été arrêtée en 1789. Il a été restauré complètement par Alain Sals en 1984.

1675

Jan Vermeer (van Delft en flamand ou " de " Delft (1632-1675) est ce peintre néerlandais, peut-être le plus grand, qui excellait dans l'art de peindre des scènes d'intérieurs confortables, composées avec une précision mathématique et baignées d'une lumière argentée, douce. Egalement nommé Jan van der Meer van Delft, il naquit à Delft et y fut baptisé le 31 octobre 1632.

Après un apprentissage de six années, il a été reçu, en 1653, comme maître à la guilde de Saint-Luc de Delft. Membre important de la guilde, il a servi quatre trimestres à son conseil d'établissement et semble bien avoir été connu par ses contemporains. Il gagna modestement sa vie, plus grâce au négoce d'œuvres d'art qu'en tant que peintre.

Seules trente-cinq des toiles de Vermeer ont survécu et aucune ne semble avoir été vendue. Leur petit nombre s'explique par des habitudes d'un travail délibérement méthodique de la part de Vermeer, ainsi que par son décès relativement précoce et de la disparition de nombreuses toiles pendant la période d'obscurantisme suivant sa mort à Delft le 15 décembre 1675.

À quelques exceptions près, dont certains paysages, scènes de rues et portraits, la production de Vermeer consista en des intérieurs domestiques ensoleillés, dans chacun desquels on voit un ou deux personnages en train de lire, écrire, jouer d'un instrument de musique ou occupés à une tâche domestique. Ces peintures de genre de la vie néerlandaise du XVIIe siècle, exécutées avec précision et observées objectivement, sont caractérisées par un sens géométrique de l'ordre.

Vermeer était un maître de la composition et de la représentation dans l'espace. " La Jeune Fille endormie " (1656, Metropolitan Museum of Art, New York) illustre son maniement des valeurs tonales et la perspective au premier plan, au second plan, et plus loin, à distance. Dans " la Laitière " (1660, Rijksmuseum, Amsterdam), " la Jeune Femme à l'aiguière " (1663, Metropolitan Museum of Art), " Vue de Delft " ( 1660, Mauritshuis, La Haye), il perça les effets de la lumière avec une délicatesse subtile, et une pureté de la couleur qui sont quasiment uniques. Parmi ses tableaux figurent " l'Officier et la jeune fille souriant " (1657, Collection Frick, New York) et la Jeune Fille au chapeau rouge (1667, National Gallery of Art, Washington).

Vermeer a été oublié après sa mort et n'a pas été redécouvert avant la fin du XIXe siècle. Sa réputation a constamment augmenté par la suite. Il est considéré aujourd'hui comme l'un des plus grands peintres hollandais. De nombreuses copies de ses œuvres ont été réalisées au XXe siècle et ont été vendues aux Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 18/12/98, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !