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Chroniques du 29 Décembre.

Sommaire

1165

La canonisation de Charlemagne : Saint Charlemagne.

Décédé le 28 janvier 814, quelques mois après avoir associé à l’empire son seul fils survivant, Louis d’Aquitaine, Charlemagne fut inhumé dans la chapelle palatine d’Aix. Son souvenir, porté à la fois par la légende et par une tradition historique continue, ne devait jamais disparaître de la mémoire des hommes.

Héros principal des chansons de geste, garant de l’indépendance et de la pleine souveraineté du royaume, patron de la royauté en France, Charlemagne demeura pour l’Allemagne l’empereur par excellence dont les plus illustres successeurs s’efforcèrent de poursuivre les tâches, celle d’abord de reconstituer l’empire et de défendre son honneur. L’idée impériale et une tradition ecclésiastique presque unanimement favorable se conjuguèrent pour promouvoir le grand Carolingien aux honneurs de la sainteté.

Canonisé le 29 décembre 1165 à l’initiative de l’empereur Frédéric Barberousse, Charlemagne devint l’objet d’un culte liturgique dans de nombreuses églises d’Allemagne, de France, et même d’Espagne et d’Italie. Ce culte a dans l’ensemble disparu mais il est toujours célébré à Aix-la-Chapelle.

Concernant sa vie et son œuvre, j’en ai parlé quelque peu il y a quelques jours, à l’occasion de l’anniversaire de son sacre, le 25 décembre 800. Référez-vous en à cette Chronique.

1170

Meurtre dans la cathédrale, l’assassinat de l’archevêque de Canterbury.

Né à Londres en 1117, d’une famille d’origine normande, Thomas Becket étudie à Paris. Rentré en Angleterre, il devient clerc à Cantorbéry, jouissant de la confiance du vieil archevêque. Il se rend pour affaires à Rome et va étudier le droit à Bologne et à Auxerre. En 1154, il devient archidiacre et chancelier du royaume par la faveur du jeune roi Henri II.

Il se montre bon administrateur et, bien que clerc, homme de guerre ; en 1159, il combat vaillamment devant Toulouse et en Normandie. Après un an de vacance du siège, Thomas est élu, en mai 1162, archevêque de Cantorbéry. Il est ordonné prêtre le 2 juin, évêque le lendemain. Sans abandonner ses goûts de faste, il se pose en défenseur des droits de l’Église contre le roi, étonné des réactions de son ancien familier.

Les relations se gâtent à tel point que le roi fait condamner l’archevêque par une assemblée tenue à Northampton en octobre 1162. Thomas Becket a le courage de comparaître pour récuser la sentence. Il s’enfuit clandestinement en France, se fixe à l’abbaye cistercienne de Pontigny, puis, quand le roi d’Angleterre menace de se venger sur les cisterciens de ses États, à Sens.

Dans son exil, Thomas Becket mène une vie austère, mais n’abdique aucun de ses droits, qu’il défend en lançant des excommunications contre les évêques et les clercs qui ne le soutiennent pas avec assez de vigueur. Les efforts du pape pour apaiser le conflit restent vains.

Au début de décembre 1170, Thomas Becket rentre en Angleterre pour agir directement. Quatre chevaliers décident alors de débarrasser leur roi de cet encombrant archevêque. Au soir du 29 décembre 1170, ils se présentent au palais épiscopal ; les clercs et les moines conduisent l’archevêque dans la cathédrale ; les chevaliers l’y poursuivent et veulent l’entraîner au dehors ; très fort, Thomas Becket les repousse ; ils sortent leurs épées et, au troisième coup, l’archevêque tombe devant l’autel de Notre-Dame.

Le crime cause un scandale immense ; le roi Henri II est frappé d’interdit et n’obtient l’absolution qu’après avoir prouvé son repentir. Thomas Becket est canonisé le 21 février 1173. Son culte devient immédiatement très populaire dans tout l’Occident ; les représentations contemporaines de son martyre sont très nombreuses.

1641

La fondation du 1er séminaire Sulpicien.

Ecclésiatique français, auteur spirituel, fondateur de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice. Parisien, mais élevé à Lyon où son père était intendant royal, Jean-Jacques Olier s’était préparé à une brillante carrière ecclésiastique. Pourvu de bénéfices, reçu maître ès arts à Paris en 1627, étudiant de théologie en Sorbonne, il prit enfin au sérieux sa vocation et se mit sous la direction de Vincent de Paul. Prêtre en 1633, d’abord prédicateur de missions rurales, il subit une rude épreuve psychologique et spirituelle, crise qui tenait à un évident déséquilibre nerveux et qui, marquée par l’"obscurité d’esprit", l’"embrouillement de l’âme", le sentiment de l’"environnement du démon", prit le sens d’une purification mystique. Il en fut délivré à Notre-Dame de Chartres au début de 1641.

Ayant par deux fois refusé l’épiscopat, il se préoccupa des insuffisances de la formation du clergé ; le 29 décembre 1641, il forma avec deux autres prêtres, Caulet et Du Ferrier, une communauté où clercs et prêtres pourraient être initiés aux devoirs de leur état.

De Vaugirard, près de Paris, ce "séminaire" se fixe en 1642 sur la paroisse Saint-Sulpice de Paris, dont Olier est devenu depuis peu le curé. Pendant dix ans, il est l’apôtre infatigable et inventif de son immense paroisse et s’appuie sur les laïcs de la Compagnie du Saint-Sacrement pour la réformer sans faiblesse.

Au séminaire de Saint-Sulpice, il n’y a ni cours de théologie ni cours des autres sciences ecclésiastiques qui s’enseignent en Sorbonne, mais on donne des conférences spirituelles et l’on prépare aux ordinations : la réforme du clergé se fera par la prise de conscience de la grandeur religieuse du sacerdoce. Olier envoie des disciples fonder dans le même esprit les séminaires de Nantes, de Viviers, du Puy et de Clermont ; son zèle missionnaire l’a déjà amené à contribuer largement à la fondation de la ville de Montréal (1642), où quatre sulpiciens arrivent en 1657.

Gravement malade à partir de 1652, Olier se démet de sa cure, mais continue d’agir par ses écrits ; petits traités, d’une doctrine sévère, mais souvent brillants et d’un lyrisme chaleureux, ils ont été fréquemment réédités jusqu’à nos jours : "La Journée chrétienne"  (1655) ; "Catéchisme chrétien pour la vie intérieure" (1656) ; "Explication des cérémonies de la grand-messe"  (1656) ; " Introduction à la vie et aux vertus chrétiennes "  (1657).

Après sa mort, ses "Lettres spirituelles "  (1672 ; éd. critique 1935) et un "Traité des saints ordres "  (1676) composé avec des fragments de textes d’Olier ont eu une influence durable. Des " Mémoires ", inédits, expriment dans un style souvent négligé sa riche et parfois déconcertante expérience spirituelle.

Reprenant les vues de Bérulle sur l’Incarnation, Olier voit en Jésus-Christ le chantre de la gloire divine, le Fils devenu dans son humanité le parfait adorateur et "religieux de Dieu". Le Christ "dilate" son sacrifice de louange dans l’Église par l’eucharistie, dont le ministre doit participer à l’état de mort et de résurrection du Sauveur : "vie à Dieu" par l’oraison et l’écoute du Saint-Esprit, mort à soi-même et au monde par l’éloignement de tout intérêt ou attache terrestre. Ainsi s’expliquent la note d’austérité quasi monacale qui, par les séminaires français, a marqué une large partie du clergé catholique des derniers siècles, mais aussi l’esprit apostolique, qu’Olier faisait puiser à la même source.

1989

Election libre du Président Tchéco - Slovaque, le dissident Vaclav Havel.

Auteur dramatique et essayiste tchèque, Václav Havel est issu d’une famille aisée de Prague et grandit dans l’atmosphère de l’humanisme de Masaryk. Il travaille dans un laboratoire de chimie et, en suivant des cours du soir, prépare le baccalauréat qui lui permettra d’entreprendre des études d’économie à Polytechnique. Dès 1956, à 20 ans, il publie articles et études sur la poésie et le théâtre. En 1960, il entre au théâtre de la Balustrade où, tout en suivant les cours de la Haute École du spectacle, il fait plusieurs métiers avant de devenir " dramaturge ".

C’est pendant ces années " heureuses " de la " libéralisation ", dans l’atmosphère d’un petit théâtre d’avant-garde, qu’il fait jouer ses deux premiers spectacles, écrits en collaboration, puis ses propres pièces : " La Fête en plein air "  (1963) et " Le Rapport dont vous êtes l’objet " (1965), suivis de " Plus moyen de se concentrer "  (1967).

Il introduit sur la scène le souffle libérateur de sa verve satirique, en démontant et démystifiant le charabia idéologique qui occulte la réalité humaine et sociale. " La conjoncture, apparemment désavantageuse, d’une naissance bourgeoise au sein d’une société communiste m’a fait voir d’emblée le monde pour ainsi dire " d’en bas ", c’est-à-dire tel qu’il est, ce qui m’a prémuni contre les illusions et les mythes.

Le Printemps de Prague interrompu par les chars soviétiques et la " normalisation " font de Václav Havel un auteur " interdit ", un ouvrier auxiliaire, que l’on condamne pour ses activités contre l’État (1979-1983). Pétitionnaire dès 1969, auteur d’une retentissante " Lettre ouverte au président Husák "  (1975), engagé résolu avec la Charte 77 (aux côtés du philosophe Jan Patocka), puis avec le Comité de défense des personnes injustement condamnées — ce qui est la cause de son procès —, auteur des essais " Le Pouvoir des sans-pouvoir "  (1978, trad. franç.), Tentative de vivre dans la vérité  (1980), etc., il refuse de quitter son pays.

Parallèlement, Havel cherche " un second souffle " avec Conspirateurs  (1970), une adaptation du classique " Opéra de quat’ sous "  de Gay (1974), un " poème scénique ", " Hôtel des cimes "  (1976). Mais c’est surtout un triptyque de pièces en un acte qui fait le tour du monde : " Audience "  (1975), " Vernissage "  (1975) et " Pétition "  (1976), auxquelles s’ajoute " La Faute "  (1983) ; tout en évoquant des scènes de la vie tchèque " normalisée ",

À la suite de la " révolution de velours ", Václav Havel est élu président de la République tchécoslovaque, en décembre 1989, et démissionne en juillet 1992, lorsque la partition entre Tchèques et Slovaques s’avère inéluctable. Il est élu président de la République tchèque la même année. L’essentiel de ses réflexions politiques et rassemblé dans "Le Pouvoir des sans - pouvoir "  (1978) et " Lettres à Olga "  (1983).

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 30/12/98, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !