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Chroniques du 17 Mars.

Sommaire :

Antiquité

Dans l’Antiquité romaine, l’on fête Liber et Libera, dieux de la fécondité, au moyen de rites phalliques.

Libera n’a jamais eu en tant que telle une existence autonome. Elle est toujours associée à Liber. P.c.q. la fécondité est autant féminine que masculine. On ne pouvait se passer de l’un ni de l’autre.

Liber et Libera (dont les noms dérivent du thème indo-européen leudh qui signifie croissance, germination, développement) président à eux deux aux fonctions génératrices et ont rapport avec la fécondité aussi bien végétale qu’animale ou humaine. Le dédoublement en deux personnages de sexe opposé reproduit le souci courant dans la religion latine, au moment de la personnification d’un principe divin, de l’invoquer sous un aspect à la fois masculin et féminin afin que l’invocation ne manque pas son adresse (Faunus et Fauna, Maius et Maia, etc.).

Y a-t-il eu spécialisation plus poussée, comme l’affirme saint Augustin qui, rappelant les rites phalliques de Liber, associe Libera aux organes féminins ? Plusieurs vierges étaient déflorées par un olisbos sacré. Et des jeunes gens étaient initiés par des femmes spécialisées, le 17 mars aux liberalia. Des sacrifices à Liber de gâteaux de miel, prise par les jeunes gens de toge virile symbolisaient le passage à l’âge adulte. Ayant été, avec Liber, associée à Cérès lors de la fondation du temple commun à cette triade en ~ 496, Libera sera parfois, mais rarement, assimilée à la fille de Déméter, Perséphone, d’autre fois, comme par Ovide, à Ariane, amante de Bacchus-Dionysos-Liber, voire tardivement à la Lune tandis que Liber l’était au Soleil.

180

La mort de l’Empereur romain, Marc-Aurèle, un philosophe stoïcien.

Marc Aurèle, dont le nom originel était Marcus Annius Verus, est né à Rome le 20 avril 121. Il était le neveu d'Antonin le Pieux. Lorsque ce dernier monta sur le trône, il adopta son neveu et lui fit épouser sa fille en 145.

Empereur en 161, Marc Aurèle fut tout au long de son règne engagé dans des guerres défensives sur les frontières septentrionale et orientale de l'Empire. Ses légions réussirent à repousser l'invasion parthe de Syrie en 166, mais Rome fut à nouveau forcée de livrer bataille en 167 contre les tribus germaniques sur la frontière danubo-rhénane.

Marc Aurèle retournait par moments à Rome lors de la campagne de Germanie, afin d'entreprendre des réformes juridiques et administratives. Bien qu'il fût particulièrement attentif au bien-être public et qu'il ait même vendu ses propres possessions pour alléger les effets de la famine et de la peste au sein de l'Empire, il persécuta durement les chrétiens, voyant en eux une menace pour le système impérial.

En 176, il retourna sur la frontière nord, dans l'espoir d'étendre les frontières de l'Empire au nord-est de la Vistule. Il mourut de la peste à Vindobona (Vienne) le 17 mars 180, avant de pouvoir entamer son invasion. Son plan fut abandonné par son fils et successeur Commode. En politique intérieure Marc Aurèle était le défenseur des pauvres, pour lesquels il fonda des écoles, des orphelinats et des hôpitaux, et dont il allégea les taxes. Il tenta également d'humaniser les lois criminelles et la manière dont les maîtres traitaient leurs esclaves.

Ses Pensées, recueil de préceptes moraux écrits en grec au cours de ses nombreuses campagnes, constituent un important témoignage du stoïcisme antique et critiquent la vanité des biens terrestres.

1916

En montant en ligne rentrer dans les tranchées, Guillaume Apollinaire est blessé par un éclat d’obus.

Guillaume Apollinaris de Kostrowitzky est né à Rome le 26 août 1880. Il est le fils d’une Polonaise de vingt-deux ans, dont le père était devenu camérier du pape après une existence mouvementée, et d’un inconnu, sans doute un ancien officier du royaume des Deux-Siciles nommé Francesco Flugi d’Aspermont.

Il est mort le 9 novembre 1918, suite à la fameuse épidémie de grippe espagnole qui fit plusieurs millions de morts en Europe. J’ai parlé du poète à l’occasion de l’anniversaire de sa naissance, référez-vous donc à cette Chronique du 26 août 1880.

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’espérance est violente
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards d’onde si lasse
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine.
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure

1959

Le Dalaï-Lama doit fuir le Tibet pour éviter d’être emprisonné par les communistes Chinois.

Après 1945, l’équilibre délicat sur lequel reposait l’indépendance tibétaine s’effondra complètement. En 1947, les Anglais quittaient l’Inde et, en 1949 naquit la république populaire de Chine ; or, depuis longtemps, les communistes chinois avaient déclaré qu’ils considéraient le Tibet comme partie intégrante de la Chine et les Tibétains comme l’une des cinq nationalités de la république.

L’action diplomatique de l’inexpérimenté gouvernement tibétain fut faible et ne remporta pas le moindre succès, malgré les missions envoyées à la dernière heure aux États-Unis et en Inde. En 1950, l’armée chinoise attaquait Chab-mdo, où les troupes tibétaines se débandèrent presque sans combattre. Ne pouvant attendre ni secours ni appui diplomatique de l’Occident ou de l’Inde, le dalaï-lama, déclaré majeur au moment de la crise, dut traiter avec la Chine, tout en se réfugiant à Yatung, sur la frontière indienne. Une mission tibétaine arriva à Pékin et y conclut l’accord du 23 mai 1951 : le Tibet était intégré dans la république populaire de Chine, qui assumait le contrôle de l’armée, des finances, de l’éducation et du développement économique et industriel, et garantissait le maintien des droits et de la dignité du dalaï-lama, ainsi que le respect de la religion et des monastères. L’armée chinoise entra à Lhasa ; le dalaï-lama et le pan-chen lama, dont l’incarnation avait été retrouvée en Chine occidentale, y retournèrent.

Dans un premier temps, le compromis, que les deux parties s’efforçaient d’observer loyalement, fonctionna assez bien. Des réformes étaient inévitables, et les premières propositions furent même faites par le dalaï-lama, qui abolit la corvée et les dettes agraires et présenta un projet de redistribution graduelle des terres ; les Chinois, quant à eux, prônaient surtout les avantages de la science, de la technique et de l’éducation modernes. Ils lancèrent tout de suite un grand programme de construction routière, et dès 1954 le Tibet était relié à la Chine par les grandes routes du Sichuan à Lhasa et de Xining à Lhasa. Cette période de collaboration fut à son apogée lors de la longue visite que firent le dalaï-lama et le pan-chen lama à Pékin en 1954-1955.

Toutes ces nouveautés, et en particulier l’idéologie marxiste, heurtaient la mentalité des paysans et surtout les moines, à qui la nouvelle éducation ôtait le contrôle de la jeunesse ; une résistance passive se dessina, puis, en 1956, les premières actions de guérilla eurent lieu au Tibet oriental. Le gouvernement de Pékin réagit, d’une part en appliquant des mesures de répression, d’autre part en déclarant que les réformes étaient suspendues. Mais la situation devenait de plus en plus troublée, une psychose de crainte se répandait, des bandes partisanes anticommunistes firent leur apparition même dans le Tibet central. La tension aboutit à une catastrophe.

En mars 1959, une invitation du commandant de la garnison au dalaï-lama à se rendre à une représentation théâtrale dans les casernes chinoises fut interprétée comme une tentative de se saisir de sa personne. Une grande foule entoura le palais du dalaï-lama, tandis que les bataillons tibétains de l’armée chinoise faisaient défection. Sur l’avis des bka’blon  et des chefs du clergé, le dalaï-lama quitta le palais en cachette (17 mars) et s’enfuit en Inde, accueilli avec honneur par le gouvernement indien, qui lui assigna une résidence à Dharamsala.

Après son départ, le conflit éclata ouvertement à Lhasa, mais l’artillerie chinoise maîtrisa bientôt la résistance tibétaine. La guérilla dans le Sud ne put se maintenir et fut réprimée par des troupes fraîches Chinoises. La plupart des membres de la noblesse et du haut clergé, ainsi qu’un bon nombre de marchands et de paysans, s’enfuirent en Inde.

L’émigration de presque toute l’ancienne classe dirigeante facilita la tâche aux Chinois. Le gouvernement tibétain traditionnel fut aboli. Un programme radical de réformes agraires confisqua la terre de la noblesse et des monastères. De nombreux immigrants chinois s’établirent au Tibet. Les vieilles positions commerciales gagnées en 1904 par les Anglais et dont l’Inde avait hérité disparurent quand le dernier accord commercial expira en 1962.

La question des frontières, la ligne Mac-Mahon de 1914 n’étant pas reconnue par la Chine, n’avait fait que s’envenimer ; en automne 1962, les forces chinoises déclenchèrent une campagne foudroyante qui les conduisit presque à la plaine du Brahmapoutre, mais, peu après, elles se retirèrent spontanément. Depuis lors, la question est restée ouverte, mais aucun engagement sérieux ne s’est produit.

La Région autonome du Tibet, dans le cadre de la république populaire de Chine, fut inaugurée officiellement le 9 septembre 1965, sous la présidence du pan-chen lama ; elle ne comprend que le Tibet central et occidental, le Tibet oriental et nord-oriental faisant partie des provinces chinoises du Xikang et du Qinghai.

La révolution culturelle, déclenchée en Chine à la fin de 1966, s’est traduite à Lhasa par une violente action anticléricale des gardes rouges ; les monastères ont été envahis, beaucoup d’images et de textes sacrés détruits, les moines employés à des activités productives. En février 1967, le pan-chen lama, qui s’opposait à ce que les moines abandonnent l’état religieux, fut déposé et placé dans un camp de travail. Depuis lors, la situation a perdu son caractère aigu ; mais l’on assiste incontestablement au Tibet à la disparition rapide de la civilisation traditionnelle.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 05/04/99, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !