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Chroniques du 19 Août.

440

Mort du Pape Sixte III. Fait relativement peu important, s’il n’avait permis à l’un des plus grands papes de la Chrétienté d’accéder à la Couronne de Saint-Pierre. Léon 1er le Grand, Saint-Léon.

Archidiacre de l’Église de Rome, Léon, à la mort du pape Sixte III (19 août 440), était en Gaule, chargé d’une mission politique délicate. Quoique absent, il est élu pape ; une délégation officielle va le chercher et il est ordonné à son retour en sept..

On ne sait presque rien de sa vie avant son pontificat ; et de ses vingt ans de règne on ne connaît que son activité pastorale et théologique. À la différence de Grégoire le Grand, il est avare de confidences sur sa vie personnelle.

À Rome d’abord et en Italie, il réprime la secte des manichéens, rappelle aux évêques les conditions d’admission à l’épiscopat ou la date du baptême (Pâques ou Pentecôte), ou encore leur obligation d’assister chaque année au synode de Rome.

Ensuite, en Espagne ou en Gaule, il invite l’évêque d’Astorga en Galice à réunir un concile contre les priscillianistes, ou rappelle à Hilaire d’Arles qu’il n’a pas à s’arroger une suprématie sur les évêques de Gaule.

Il reste en rapport avec les Églises d’Afrique, ravagées par la persécution vandale.

En Orient, enfin, il exerce sa juridiction sur l’Illyricum (les régions balkaniques) par l’intermédiaire de l’évêque de Thessalonique, dont il a fait son vicaire.

Surtout, il intervient de façon décisive dans les troubles qui agitent l’Orient à la suite de ceux qui ne veulent voir dans le Christ qu’une seule nature, la divine (monophysisme).

Il adresse à Flavien de Constantinople une lettre (le "Tome", Ep ., XXVIII) qui expose avec netteté et fermeté le dogme des deux natures dans l’unique personne du Christ.

Après l’échec du concile convoqué par Théodose II (le "brigandage" d’Éphèse, 449, voir la Chronique à ce sujet à la date du 8 Août ), Léon, d’accord avec le nouvel empereur Marcien, sait imposer au concile de Chalcédoine l’autorité de sa lettre à Flavien, que les évêques acceptent avec enthousiasme ("Pierre a parlé par Léon ;") et qui sert de base à la définition du 22 octobre 451.

Mais Léon refuse absolument d’approuver le "28e canon" du concile, qui accorde au siège de Constantinople, la "nouvelle Rome", la primauté sur les autres sièges patriarcaux d’Orient et voudrait faire de cette ville l’égale de la "vieille Rome".

L’accord entre Orient et Occident est déjà bien compromis. La tension aboutira un jour à la séparation.

En 452, Léon rencontre, près de Mantoue, Attila, qui se préparait à marcher sur Rome, et il le persuade, on ne sait trop comment, de se retirer et d’évacuer l’Italie.

En 455, cependant, il ne peut empêcher Genséric et ses Vandales de piller Rome pendant quinze jours, mais il obtient qu’ils s’abstiennent d’incendies, de violences, de meurtres.

Léon mourut le 10 novembre 461. Il fut enseveli sous le portique de la basilique Vaticane.

Les œuvres de Léon sont encore des actes du pasteur et du docteur. Ses cent soixante-treize Lettres sont autant de documents qui illustrent la vie de l’Église et le gouvernement du pontife.

Léon est le premier pape, et le seul avant Grégoire le Grand, dont nous ayons conservé des Sermons . Il en reste quatre-vingt-seize, généralement assez courts, qui ont été prêchés au long de l’année liturgique.

Dans une langue sobre et dense, simple et majestueuse, ils exposent les mystères du Christ, présents à nouveau dans le mystère de la fête liturgique, exhortent au jeûne et à l’aumône, prêchent le dogme de l’Incarnation tel qu’il sera défini à Chalcédoine (voir les sermons de Noël, XXI et suivants).

Les sermons que Léon prononça à l’occasion de l’anniversaire de son ordination (I-V) exposent la conception qu’il se fait de son rôle de pontife, héritier de l’autorité conférée par Jésus à Pierre : Pierre est toujours présent et vivant dans l’Église et dans son successeur, à qui il transmet, avec la solidité de sa foi, son autorité suprême. Aussi est-ce au seul siège de Pierre, "siège apostolique" (siège de l’Apôtre), que revient le soin de l’Église universelle.

Léon partage avec les évêques "la sollicitude" pour toutes les Églises, mais non "la plénitude du pouvoir" (Ep. , XIV, 1). Au reste, il entend garder "la modération épiscopale", la douceur et l’humilité. Romain, il est fier des grandeurs passées de la ville maîtresse du monde, mais à la grandeur charnelle de la Rome des Césars s’est substituée l’humilité de la Rome des apôtres Pierre et Paul, à la virtus romana  la pietas christiana.

 

1458.

Election du Pape Pie II . J’en ai parlé à propos de sa mort, le 15 Août 1464. Référez-vous donc à cette Chronique.

1792 et 1820

Deux 19 Août importants dans la vie du célèbre marquis, qui faillit devenir Roi de France.

Né en 1757, d’une vieille famille noble d’Auvergne, Marie Joseph Paul Roch Yves Gilbert Motier, marquis de La Fayette participera comme révolutionnaire actif à 3 révolutions dont il sera un des héros.

A la guerre d’Indépendance de l’Amérique, à la Révolution de 1789 et à celle de 1830.

À son retour d’Amérique, en 1779, héros du jour, il s’efforce d’allier la grâce aimable d’un grand seigneur d’Ancien Régime à une simplicité toute républicaine rapportée d’Amérique.

À l’Assemblée des notables en 1787, il conseille l’adoption de l’édit sur les protestants.

Un des principaux animateurs de la Société des Trente, il est élu député de la noblesse d’Auvergne aux États généraux et nommé, le 15 juillet 1789 (voir Chronique de ce jour), commandant général de la milice parisienne.

Il donne à cette milice le nom de " garde nationale " et la cocarde tricolore, dont il est l’inventeur.

Partisan du veto suspensif pour le roi et du bicamérisme, il devient après les journées d’octobre 1789 le personnage le plus considérable de France, le "maire du palais", dira Mirabeau.

La fête de la Fédération le 14 juillet 1790 marque l’apothéose de sa carrière révolutionnaire.

Mais son esprit manque de profondeur et son caractère, de décision : il subit plus les événements qu’il ne les dirige, veut défendre la Révolution à la fois contre les aristocrates et contre les sans-culottes, qui, eux, souhaiteraient des décisions plus radicales, et anime avec Bailly et Condorcet la très modérée Société de 1789.

Pour assurer le maintien de l’ordre, il fait voter la loi martiale et il s’imagine que le roi et la cour accepteront l’œuvre de la Constituante.

Après la fuite à Varennes en 1791, il fait admettre la fiction de l’enlèvement, puis tire sur le peuple lors de la manifestation républicaine du Champ-de-Mars le 17 juillet 1791, ce qui lui enlève toute popularité.

À la déclaration de guerre le 20 avril 1792, il reçoit le commandement de l’armée du Centre, mais il entre en négociation avec les Autrichiens et, après le 20 juin 1792, il menace de faire marcher son armée sur Paris si de nouvelles atteintes sont portées à la majesté royale.

Le 19 Août 1792, il est décrété d’accusation ; il passe dans le camp autrichien, mais il est gardé prisonnier jusqu’en 1797.

N’ayant joué aucun rôle pendant la période napoléonienne, il se rallie aux Bourbons en 1814.

Lors des Cent-Jours, il refuse la pairie, mais se fait élire député de Seine-et-Marne, devient vice-président de la Chambre, puis participe, avec Fouché, à la déchéance de l’Empereur.

Élément actif de l’opposition libérale sous la seconde Restauration, il entre dans la conspiration groupant des bonapartistes et les républicains de la société des Amis de la vérité qui voulaient s’emparer du pouvoir par un coup de force prévu pour le 19 août 1820.

Il participe également au premier complot de la charbonnerie en décembre 1820 et proteste contre l’expédition d’Espagne en 1822-1823.

En juillet 1830, il retrouve sa popularité de 1789-1790.

Les révolutionnaires lui eussent, volontiers, offert la royauté ou la présidence de la République, mais il se rallie à la solution orléaniste, intronise Louis-Philippe au balcon de l’Hôtel de Ville, reçoit de nouveau le commandement de la garde nationale, mais se laisse jouer par Louis-Philippe, qui, pour se débarrasser de "mylord protecteur", l’amène à démissionner de son commandement à la fin de décembre 1830.

Il ne cessera, dès lors, jusqu’à sa mort, de condamner l’évolution rétrograde du régime de Juillet.

1936.

Mort du Poète Espagnol, Frédérico Garcia Lorca fusillé par la dictature du " Caudillo ".

Il naît, en 1898, à Fuentevaqueros, près de Grenade, à l’heure où l’Espagne vaincue cède Cuba aux États-Unis en pleine expansion vers l’Amérique latine. Sans jamais perdre un contact vital avec sa terre et sa famille, il s’établit vers sa vingtième année dans la moderne Résidence des étudiants de Madrid. Il a renoncé à la carrière musicale.

Il achève ses études de droit et de lettres ; mais, surtout, il ouvre ses fenêtres à la vie, à l’art et à la pensée de son temps, il se voue au métier de poète – lyrique, dramatique, voire " graphique ". Il se fait promoteur, conjointement, de l’avant-garde artistique européenne et de la plus profonde tradition nationale.

Une année au Nouveau Monde (1929-1930 : New York, puis Cuba) lui apporte le recul qui s’imposait face à des problèmes personnels lancinants, à la fois sexuels, sociaux et esthétiques.

C’est alors, de concert avec l’effort d’épanouissement culturel de la IIe République, la période la plus heureuse et la plus active de sa vie ; il écrit, il est joué, il dirige à travers l’Espagne la compagnie théâtrale universitaire La Barraca. Il prend parti comme écrivain devant la montée des fascismes, guerre et oppression.

Il en meurt (19 août 1936), fusillé à Grenade, sous l’autorité franquiste, tout au début de la guerre civile, comme mourront bientôt plus de dix mille hommes de sa province.

Poète, dramaturge, homme de théâtre, " animateur ", pour son temps, de la culture la plus vivante, mais surtout de la sensibilité et de la compréhension artistiques de son pays, Federico García Lorca est un créateur d’importance historique et de renommée mondiale.

Malgré bien des vicissitudes, esthétiques et politico-sociales, il continue de résister aux malentendus, aux censures, aux étiquetages et aux enthousiasmes les plus divers.

La clé de cette fortune comme de cette intégrité, un poète ami (Juan Marinello) l’a donnée : " Quand un homme, une fois, se donne, pleinement et en vérité, à l’appel de ce qu’il est hic et nunc , il se livre pour toujours, et de partout on le découvre. "

Fils de la bourgeoisie libérale aisée de sa province, " poète de naissance, irrémédiablement " et ne se voulant pas autre chose, s’étant situé une fois pour toutes du côté " de ceux qui n’ont rien et à qui on dénie jusqu’à la tranquillité du néant ", pour avoir suivi jusqu’au bout la logique de cette triple condition, il a pu rester proche et vivant.

Du même coup, il demeure pour tous un témoin privilégié et engagé de la vie changeante, des échecs dramatiques, de l’espérance obstinée de son peuple et de son époque.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 04/10/98, ©camilist 1998 --- une remarque ?
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