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Chroniques du 11 Septembre.

Sommaire

1919

Gabrielle d’Annunzio, à la fin du conflit, s’empare de la ville de Fiume (Rijeka, en Yougoslavie) pour la rendre à l’Italie. Mais l’auteur de " l'Enfant de volupté " restera célèbre davantage par son existence libre et voluptueuse que par ses œuvres.

Né le 12 mars 1863 dans les Abruzzes, Gabriele D'Annunzio fit ses études à Florence et à Rome. Encore étudiant, il publia ses premiers vers (1879), encore marqués par l'influence du vérisme (alors dominant dans la littérature italienne), dont il se dégagea très vite.

Prince fastueux et cultivé, auteur un peu grandiloquent, farouchement individualiste, aimant les mondanités et les honneurs, il s'installa en 1881 à Rome, où il collabora au journal Tribuna. Il mena une vie de bohème, entre son épouse et ses nombreuses maîtresses, affichant des liaisons qui faisaient scandale.

Il poursuivait cependant sa carrière de poète, se tourna vers le roman où il rencontra un immense succès et, après 1898, s'intéressa au théâtre, peut-être à cause de sa liaison avec l'actrice italienne Eleonora Duse, qui prit fin en 1902. En 1912, il fut contraint de se réfugier en France pour échapper à ses créanciers et il mit cet exil à profit pour s'essayer à écrire en français. C'est là qu'il rédigea son célèbre " Martyre de saint Sébastien " (1911), un exceptionnel drame en vers, mis en musique par Claude Debussy.

Personnage excessif, il provoqua la haine tout autant que l'adoration, et tenta de fuir son isolement en se lançant dans la carrière de poète national. Durant la Première Guerre mondiale, il se révéla d'ailleurs un combattant légendaire, et mit tout son courage au service de l'armée de l'air italienne.

Cependant, il acquit une triste réputation, juste après la fin officielle du conflit, en occupant, le 11 Septembre 1.919 la ville de Fiume (Rijeka, principal port de Dalmatie, ex-Yougoslavie) à la tête de ses soldats, défiant ainsi les forces françaises et anglaises.

Contraint de quitter la ville, celui qui fut un fervent partisan du fascisme italien se retira dans la propriété sur les bords du lac de Garde que l'Italie lui avait offerte pour son courage pendant le conflit. Il reçut également le titre de prince de Monte Nevoso. Il vécut dans sa nouvelle propriété jusqu'à sa mort, le 1er mars 1938.

D'Annunzio reste surtout considéré comme auteur grâce à son extraordinaire aptitude à exprimer ses sensations, dans un style flamboyant qui brasse une multitude d'influences, archaïques ou récentes, et qui reflète à la perfection sa personnalité d'homme et d'écrivain jouisseur et individualiste.

Il commença sa carrière littéraire par la poésie, avec son recueil " Chant nouveau " (1882), qui exalte avec une certaine emphase sa joie de vivre et sa sensualité. Il écrivit plus tard " Louanges du ciel, de la mer, de la terre et des héros " (1904-1912). À peine plus tardives, les " Chansons de la geste d'outre-mer " (1912), qui célèbrent la conquête de la Libye sur le mode de l'épopée héroïque, furent interdites en Italie.

Parmi ses pièces, qui ne connurent pas un grand succès, citons : " Songe d'un matin de printemps " (1897), " Songe d'un crépuscule d'automne " (1899), " la Gioconda " (1899) et " Phèdre " (1909). " La Fille de Jorio " (1904), inspirée de la vie paysanne dans les Abruzzes, fut généralement considérée en son temps comme sa meilleure pièce.

Ses premiers textes en prose furent les nouvelles de " Terres vierges " (1882), qui furent plus tard regroupées avec celles du recueil " San Pantaleone " (1886) pour former " Nouvelles de la Pescara " (1902).

C'est pourtant comme romancier avant tout qu'il devint célèbre. Parmi ses romans, retenons surtout " l'Enfant de volupté " (1889), où le personnage principal, aristocrate fatigué de sa vie trop facile, possède indéniablement des traits de l'auteur lui-même.

Il aborda par la suite des thèmes également érotiques, avec " l'Intrus " (1892), " l'Innocent " (1892) et le " Triomphe de la mort " (1894). Il écrivit encore les " Vierges aux rochers " (1896) et relata sous forme romancée sa liaison avec Eleonora dans " le Feu " (1900), récit à la fois candide et cruel.

1973

Le Putsch militaire du 11 septembre au Chili, l’œuvre du sinistre Pinochet.

Je vous en parlais, il y a quelques jours. Le 4 septembre 1.970 (voir cette chronique) le candidat de la gauche réunie, Salvador Allende, obtenait démocratiquement, légalement le pouvoir au Chili. C’était le premier président et le premier gouvernement démocratique de la gauche alliée aux communistes qui obtenait légalement le pouvoir. Le lendemain de sa prise de function, le 4 Novembre, dans son discours inaugural, il réaffirma les orientations qui, depuis l’adoption du programme de l’Unité populaire (décembre 1969), avaient présidé à son action :

" Sans précédent dans le monde, le Chili vient de donner une preuve extraordinaire de son haut niveau de conscience et de développement politique, permettant à un mouvement anticapitaliste d’assumer le pouvoir par le libre exercice des droits civiques. Il les assume pour orienter le pays vers une nouvelle société, plus humaine, dans laquelle les buts ultimes sont la rationalisation de l’activité économique, la socialisation progressive des moyens de production et le dépassement de la division des classes " [...].

" Nous en finirons avec les monopoles qui livrent à quelques douzaines de familles le contrôle de l’économie. Nous en finirons avec les latifundia qui condamnent encore des milliers de paysans à la soumission, empêchant ainsi le pays de tirer de ses terres les aliments dont nous avons tant besoin. Une authentique réforme agraire rendra cela possible. Nous en terminerons avec le processus de dénationalisation, de plus en plus important, de nos industries et de nos sources de travail, qui nous soumet à l’exploitation étrangère. Nous allons restituer à notre peuple les grandes mines de cuivre, de charbon et de salpêtre ". 

Mais cet exemple qui pourrait être contagieux indisposait fortement, viscéralement même les Etats-Unis et les grandes compagnies pétrolières, fruitières ou métallurgiques installées en Amérique du Sud.

La C.I.A., qui déjà avant l’élection d’Allende, avait prévu le coup, contacte des autorités de droite, au plus haut niveau, des civils comme des militaires, des libéraux comme des syndicalistes et organise systématiquement l’anarchie, le désordre et l’inflation, la dévaluation, la pauvreté galopante.

Le puissant syndicat des camionneurs se met en grève, empêchant toute alimentation du pays. Chaque grèviste se voit payer largement sa participation à la grève. Le pays étouffe. Allende est empêché de mener à bien ses mesures économiques et sociales.

Le Général Augusto Pinochet, chef de l’armée Chilienne, conseiller particulier du Président, pose un coup d’état et par la force prend le pouvoir. Le Président Allende sera retrouvé mort et identifié par sa famille. Suicide, assassinat, mort accidentelle ? Peu importe. L’essentiel est l’exemple pour l’Amérique latine.

Augusto Pinochet Ugarte est issu d’une famille d’origine française qui quitta Saint-Malo pour s’établir au Chili au début du XVIIIe siècle. Ses ancêtres étaient des propriétaires terriens aisés du centre du Chili. Mais son père était un militaire installé à Valparaiso, où devait naître le futur président.

Il naît en 1.915. Après des études au collège du Sacré-Cœur de cette ville, tenu par une congrégation française, il entre à l’école militaire en 1933. Dans un pays qui n’a pas connu de guerre depuis 1879, son ascension est des plus normales. Il est nommé professeur de géographie militaire à l’École de guerre. Dans son cours, qui sera publié en 1968, on trouve en particulier développées les idées de " sécurité nationale " et d’" occupation intérieure " du territoire. Mais ces idées sont partagées à l’époque par de nombreux militaires qui se considèrent comme " constitutionnalistes ".

Général, Pinochet fait également un séjour aux États-Unis comme membre d’une mission de l’armée chilienne et enseigne à l’Académie de guerre de l’Équateur. Il est général de division lorsqu’il est nommé le 9 octobre 1972 commandant en chef par intérim, en remplacement du général Prats, qui occupe le poste de ministre de l’Intérieur.

Le 23 août 1973, il devient commandant en chef, succédant à ce dernier, démissionnaire. Il jouit alors de toute la confiance du président Allende et participe aux réunions restreintes visant à faire face à un éventuel putsch militaire.

Mais il participe déjà au complot sous le nom de code de " Pinocchio ". Certains qualifieront cette attitude de trahison. En réalité, Augusto Pinochet n’a fait que traduire le sentiment d’une grande majorité de l’armée, non pas fondamentalement à l’égard des mesures prises par l’Unité populaire, mais bien plutôt face à l’agitation populaire et à des organisations spontanées comme les " cordons industriels " qui risquaient de déborder les partis au gouvernement et de créer des situations irréversibles.

Après le putsch du 11 septembre 1973, le général Pinochet est d’abord membre d’une junte aux côtés des commandants en chef de la marine et de l’aviation et du général des carabiniers.

En 1974, il devient président de la République. Il ne cesse de consolider son pouvoir, en jouant des promotions à l’intérieur de l’armée pour écarter ses adversaires qui réclament un minimum d’ouverture constitutionnelle et de collaboration avec les partis civils de droite, et surtout en s’appuyant sur la police politique, la Dina (Dirección de investigación nacional), qui a été à maintes reprises rendue responsable des disparitions et des tortures par les organisations internationales qui se préoccupent de la défense des droits de l’homme.

Devant l’échec du libéralisme économique, devant l’inflation et le chômage, devant les tensions qui se manifestent même à l’intérieur de l’armée et devant le relatif isolement diplomatique du Chili, le général Pinochet annonce, en juillet 1977, un plan de retour par étapes à la démocratie, qui culminerait en 1985.

Mais il a auparavant clairement déclaré qu’il s’agit pour lui d’une " démocratie autoritaire ", dont l’armée sera le garant. Pinochet institutionnalise son régime au moyen d’une constitution qu’il fait adopter par référendum en 1980.

Il s’enracine au pouvoir en jouant des divisions de ses partisans et en étouffant toute forme d’opposition.

Mais, à partir de 1983, de nombreuses manifestations (protestas ) ont lieu pour demander le rétablissement de la démocratie. Devant l’ampleur du mouvement, Pinochet rétablit l’état de siège (levé depuis 1978) dans tout le pays à deux reprises (nov. 1984 et sept. 1986).

La junte militaire le désigne, en août 1988, comme candidat au plébiscite du 5 octobre, en vue de l’élection du président qui exercera ses fonctions jusqu’en 1997.

Bien que ce plébiscite soit un échec pour lui, Pinochet refuse de négocier avec l’opposition mais s’engage à respecter le verdict des urnes et à quitter le pouvoir en mars 1990, terme constitutionnel de son mandat.

Le 11 mars 1990, il passe le pouvoir à Patricio Aylwin, élu en décembre 1989, mais demeure commandant en chef de l’armée de terre comme la Constitution l’y autorise.

Le président Eduardo Frei, qui avait dirigé l’opposition à Salvador Allende et pactisé avec Pinochet, devient président en mars 1994. Il confirme le général Pinochet à son poste jusqu’en 1997.

Cam.

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Dernière modification le 04/10/98, ©camilist 1998 --- une remarque ?
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