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Chroniques du 22 Octobre.
Sommaire
1656
Le Miracle de la Sainte-Epine laisse saffronter défenseurs et détracteurs de Port-Royal.
Prêtée par un ami du monastère, une épine de la couronne du Christ (fragment de la relique pour laquelle Saint Louis avait fait bâtir la Sainte-Chapelle) est vénérée à Port-Royal de Paris au cours dune cérémonie célébrée le vendredi 24 mars 1656.
Dans la procession qui se déroule, marche une pensionnaire âgée de dix ans, Marguerite Périer, nièce de Pascal, affligée depuis plusieurs années dune fistule lacrymale, ou plutôt dune sorte de tumeur suppurante à lil gauche. La maîtresse des pensionnaires, la sur Flavie Passart, applique la relique sur le mal. Quelques heures après, lenfant se déclare guérie.
La guérison persiste et, au bout de quelques jours, le mot de miracle est prononcé. Des chirurgiens, des médecins délivrent des attestations. En mai-juin, larchevêché de Paris entreprend une enquête auprès de la miraculée et de nombreux témoins, parmi lesquels se trouvait Pascal.
Le 22 octobre, il rend une sentence dapprobation.
Comment interpréter cet épisode ? Historiquement parlant, ce serait peine perdue que de sinterroger sur la réalité du miracle. Mais la portée attribuée à lévénement offre plusieurs significations. Elle révèle lexistence, en un " Port-Royal volontiers raisonneur ", dun sentiment très fort de lirrationalité de Dieu.
Au sein dun groupe soumis alors à une vive persécution (et qui se défendait à la même époque par " Les Provinciales " ), elle marque la volonté den appeler à Dieu contre ses adversaires, le miracle devenant signe discriminant ; il en résulte une abondante littérature polémique. Tandis que la piété populaire se manifeste, tout au long de lannée 1656, par une grande affluence à la chapelle de Port-Royal de Paris et par lannonce de nouveaux miracles, Pascal amorce une réflexion en profondeur, qui, sélargissant, donnera naissance au discours apologétique des Pensées .
1793
La Révolution Française pourchasse la Royauté et la Noblesse. Mais que devinrent donc les Rois et les Reines des Jeux de carte.
Et bien par exemple, les génies de la guerre, de la paix, des arts et du commerce furent substitués aux rois de cur, de trèfle, de pique et de carreau. Les reines devinrent les symboles des quatre libertés, de cur ou des cultes, de trèfle ou du mariage, de pique ou de la presse, de carreau ou des professions. Légalité fut réservée aux valets et les lois aux as. Dans les cartes brevetées par les citoyens Jaume et Dagoure figurait un nègre délivré de ses fers.
Sous lEmpire, Napoléon fut substitué au roi de carreau, et Joséphine à la dame de cur. Après 1848, les cartiers, devant une situation politique incertaine, désirant plaire à tous leurs clients et réserver à leurs stocks la plus longue durée possible découlement, mirent en circulation des cartes qui portaient à la fois les emblèmes de la monarchie légitime, de la monarchie constitutionnelle, de lEmpire et de la République.
1906
Mort solitaire à Aix-en-Provence de Paul Cézanne.
Cézanne, dont la renommée navait pas dépassé les limites dun cercle restreint dartistes et décrivains pendant presque toute sa carrière, se révéla vers la fin de sa vie comme lun des peintres qui avaient le plus influencé lart contemporain. Après sa mort et jusquà nos jours, il a continué dinspirer presque tous les mouvements qui comptent.
Situé au confluent du figuratif du XIXe siècle et de labstrait du XXe, lart de Cézanne opère la synthèse des qualités de lun et de lautre : il réconcilie les tendances opposées du romantisme et du classicisme en alliant à la vigueur et au colorisme du premier la sobriété et la linéarité du second.
En vérité, cest un art marqué par le tempérament de son inventeur, tout à la fois scrupuleux et vigoureux, réfléchi et sensuel. " Il y a des sérénités passionnées ", son propre mot, résume bien le contenu personnel de luvre cézannienne.
Cette synthèse entre le classicisme et le romantisme, il le doit à la Provence. La civilisation classique y demeurait vivante, et lart et la littérature romantiques y étaient en plein essor. De plus son éducation traditionnelle et humaniste renforcèrent ces influences. Néanmoins, linfluence dHugo et de Musset le poussa à rêver, comme Zola, son ami le plus intime, dune liberté bohème, dune vie vouée à lart.
Cézanne naquit le 19 janvier 1839 à Aix-en-Provence. Son était assez riche. Paul fréquenta les écoles locales où il reçut une éducation profondément imprégnée de culture classique, ce dont il se montrera toujours fier. Après son bac., en 1858, son père exigea quil fît des études de droit. Comme il craignait son père, ses poèmes le prouvent, il obéit et se consacra au droit pendant trois ans. Mais ses cours du soir à lacadémie de dessin ne firent que stimuler son goût pour les beaux-arts, encouragés chaudement par Zola. Après bien des conflits avec son père, Cézanne reçut enfin lautorisation daller étudier les beaux-arts à Paris, en avril 1861.
Au bout de quelques mois, Cézanne regagne Aix et entre dans la banque paternelle. Mais, en 1862, il reprend la route de Paris, bien décidé, cette fois, à devenir un artiste et fait ses débuts à lacadémie Suisse où la formation et la critique officielles sont inconnues. Il y rencontrera Pissarro, Guillaumin et bien dautres artistes.
Lannée suivante, il expose au célèbre Salon des refusés, mais son mérite nest pas reconnu. Année après année, il soumettra des toiles au Salon officiel : elles seront régulièrement refusées. Cela ne lempêche pas de travailler avec fureur, partageant son temps entre Paris et Aix, habitude quil conservera toute sa vie. Même aux yeux des artistes et des écrivains davant-garde, il fait plus ou moins figure de " peintre maudit " dont on daube le comportement sans détour, les manières et la tenue frustes.
Vers 1869, une liaison naquit entre Cézanne et un jeune modèle, Hortense Fiquet ; ce fut là un facteur dapaisement et déquilibre dans lexistence du peintre ; trois ans plus tard, Hortense lui donna un fils quil reconnut et prénomma Paul comme lui-même. Peu de temps après cet événement, Cézanne, qui vit désormais à Pontoise et travaille en contact étroit avec Pissarro, sefforce de transformer son style, extrêmement subjectif et ténébreux, en lextériorisant davantage. Par la suite, il sinstallera avec les siens aux environs dAuvers-sur-Oise, où il continuera davoir des rapports suivis avec Pissarro, Guillaumin et divers impressionnistes.
En 1874, trois toiles de lui figurèrent à la première exposition impressionniste, mais elles déchaînèrent un tel tollé dans la presse que Cézanne refusa de participer à la seconde exposition. Cependant, il fit acte de présence à la troisième, en 1877 : ce fut une nouvelle levée de boucliers et lon décréta que lon avait affaire à luvre dun fou.
Seul Georges Rivière, lami de Renoir, fit un éloge enthousiaste des tableaux exposés quil compara aux chefs-duvre de lAntiquité classique. Entre-temps, par lintermédiaire de Renoir, Cézanne avait fait la connaissance du collectionneur Chocquet qui acheta une de ses toiles et lui commanda deux portraits. Sa notoriété ne dépassait cependant pas un étroit cercle dartistes et damateurs : il nexposera pratiquement rien pendant près de vingt ans.
Lhomme nétait dailleurs guère mieux connu que luvre, et Cézanne se détournait de la vie artistique de Paris pour des séjours de plus en plus longs à Aix et dans ses environs. Il y passa la majeure partie de son temps, peignant des paysages devenus célèbres : la montagne Sainte-Victoire, Gardanne et lEstaque, ou la propriété familiale, le Jas de Bouffan.
Il reste cependant en rapport avec Pissarro et dautres impressionnistes. Renoir vint plusieurs fois lui rendre visite. Il continuait de voir Zola, malgré sa prospérité et son conservatisme. Zola publie en 1886 Luvre , dont le héros, un artiste méconnu, est Cézanne ce qui consacra la rupture définitive entre le peintre et le romancier. En cette même année 1886, Cézanne épouse Hortense Fiquet. Quelques mois plus tard, son père meurt, lui léguant une fortune considérable.
Au cours de ces années, le talent de Cézanne était de plus en plus largement reconnu, en particulier par les jeunes artistes en quête dun substitut à limpressionnisme. Gauguin, qui avait déjà acquis beaucoup de toiles du maître provençal, prit luvre de celui-ci comme base de ce que lon appela sa période synthétique (fin des années quatre-vingt), et Émile Bernard publia en 1892 un article favorable à Cézanne.
À la même époque, les critiques qui saffirmaient les champions de limpressionnisme, tels Gustave Geffroy et Georges Lecomte, chantèrent, eux aussi, ses louanges. Finalement, une grande exposition fut organisée en 1895 à la galerie Vollard, qui eut pour résultat délargir laudience de Cézanne et étonna ses anciens amis impressionnistes eux-mêmes. La même année, deux tableaux de lui entrèrent au musée du Luxembourg au titre du legs Caillebotte.
La gloire de Cézanne samplifia pendant les dix dernières années de sa vie. Outre de jeunes artistes comme Maurice Denis qui, en 1900, peignit un vaste Hommage à Cézanne où étaient représentés la plupart des " nabis ", nombre de poètes et décrivains sintéressèrent au maître.
Cézanne, cependant, continuait de mener une existence ascétique, presque hermétique, dans ce Midi quil ne quitta plus que rarement à partir de 1900. Il y peignait les paysages qui lui étaient chers depuis longtemps, et dautres tels que Le Château noir , La Carrière de Bibémus et Le Chemin des Lauves. Après quil eut en vain tenté de conserver son cher Jas de Bouffan, cest du reste au chemin des Lauves quil fit construire, en 1901-1902, un grand atelier où les monumentales Baigneuses des dernières années ont été composées.
Cézanne devait séteindre le 22 octobre 1906, ayant vécu assez longtemps pour voir les expositions davant-garde rendre hommage à son uvre en Belgique, en Allemagne et même, finalement, en France.
1962
La crise des fusées à Cuba augmente la tension dans la Guerre Froide et manque de susciter la 3ème guerre mondiale.
À lété de 1962, le Kremlin se fait une fois de plus menaçant. Ce nest pas à Berlin, cependant, que lorage éclate, mais à Cuba, où sest établi en 1959 un régime socialiste, dirigé par Fidel Castro, dont les rapports avec les États-Unis se sont détériorés rapidement. En avril 1961, peu après son arrivée au pouvoir, Kennedy avait autorisé la C.I.A. à faire débarquer dans lîle un groupe dopposants émigrés (Laffaire de la " Baie des Cochons ".
Voyant que la population était loin de se soulever, comme on le lui avait prédit, il avait presque aussitôt donné un contrordre, mais les Cubains en avaient ressenti de graves inquiétudes pour leur sécurité et avaient fait appel à laide de lU.R.S.S. Celle-ci avait envoyé dimportantes fournitures militaires, et les États-Unis avaient fait savoir quils ne resteraient pas indifférents devant larrivée darmes " stratégiques ". Moscou avait aussitôt répondu quil nen était pas question. Or, le 18 octobre 1962, des appareils de reconnaissance, survolant Cuba, repéraient les travaux dinstallation de fusées capables datteindre le territoire américain.
Le 22 octobre, Kennedy ordonnait létablissement dune surveillance navale autour de Cuba pour empêcher la livraison de nouvelles fusées et mettait lUnion soviétique en demeure de retirer celles qui sy trouvaient déjà. Après une semaine dramatique, Khrouchtchev se décidait à obtempérer, les États-Unis renouvelant en contrepartie lengagement quils avaient pris quelques mois plus tôt de ne pas envahir lîle tant quil ne sy trouverait pas darmes stratégiques, et confirmant leur décision de retirer leurs fusées de Turquie.
1973
Cessez-le-feu dans la guerre du Kippour en 1973, entre La Syrie, lEgypte et Israël. Lisez à cet effet les Chroniques du 6 Octobre (date du début de cette guerre).
Cam.
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écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 26/10/98, ©camilist 1998
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