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Chroniques du 9 Novembre.

Sommaire :

1918

Défaite de l’Allemagne impériale. Le Kaiser (Guillaume II), qui a entraîné le monde dans la Première Guerre Mondiale ", perd deux couronnes. D’abord celle de l’Empire (du II° Reich) qui devient une République. Ensuite celle de Prusse qui devient un " Lander " de la nouvelle République.

Empereur d’Allemagne et roi de Prusse, Guillaume II est le petit-fils de Guillaume Ier et de Victoria d’Angleterre, et le fils de Frédéric III. Après le court règne de son père, il accède à l’Empire en 1888. Il a 29 ans. Très orgueilleux et jaloux de son autorité, il rêve de jouer un grand rôle et de conduire lui-même les destinées de l’Empire. Il renvoie Bismarck en 1890 et choisit comme chanceliers des hommes de second plan (Caprivi, Hohenlohe, Bülow, Bethmann Hollweg), qu’il renvoie dès qu’ils font preuve d’indépendance. Intelligent et conscient de ses devoirs, il manque de continuité dans les desseins et de cohérence dans les décisions ; il cherche aussi des attitudes théâtrales.

En politique intérieure, il esquisse tantôt une grande politique sociale, tantôt une lutte sans merci contre le socialisme. En politique extérieure, il cherche à jouer un grand rôle personnel, mais aussi à réaliser la mission historique du peuple allemand. En Europe, il veut se rapprocher de l’Autriche, fût-ce au risque d’un conflit avec la Russie, donc avec la France. De plus, il entend dépasser le cadre européen et déclare en 1896 que l’Allemagne va mener une politique mondiale, en s’appuyant sur la flotte, commerciale et de guerre, dont il préconise la construction ("Notre avenir est sur l’eau", proclame-t-il).

Il entreprend des voyages spectaculaires en Syrie et en Palestine en 1898 et à Tanger en 1905. Il tente vainement de détacher la Russie de la France et la France de l’Angleterre tout en affirmant maintes fois sa volonté de paix ; il est avant tout "le seigneur de la guerre", en vrai Hohenzollern. Son attitude de bravade et ses discours belliqueux sont souvent une menace pour la paix.

En juillet 1914, il suit l’impulsion de son état-major, qui le pousse à déclarer la guerre à la Russie et à la France. Chef suprême des armées, il abandonne en fait, à partir de 1916, tous les pouvoirs à Hindenburg et Ludendorff. En 1918, son abdication est exigée par Wilson, les masses allemandes voient dans le Kaiser le principal obstacle à la paix. Il envisage d’abord d’abdiquer comme empereur, mais non comme roi de Prusse. Le 9 novembre, les généraux le contraignent à l’effacement total. Le 10 novembre, il se réfugie en Hollande. Le traité de Versailles le déclare personnellement responsable du conflit et prévoit son jugement par un tribunal international, mais le gouvernement néerlandais refuse son extradition. Guillaume II assistera, avant sa mort (en 1941), à l’entrée de l’armée allemande aux Pays-Bas.

1918

Mort du poète français, Guillaume Apollinaire.

Comme sept millions de victimes, cette année là, il meurt emporté par la terrible " grippe espagnole " qui fit autant de mort en quelques mois que la Grande Guerre en 4 ans.

Guillaume Apollinaris de Kostrowitzky est né à Rome le 26 août 1880. Il est le fils d’une Polonaise de vingt-deux ans, dont le père était devenu camérier du pape après une existence mouvementée, et d’un inconnu, sans doute un ancien officier du royaume des Deux-Siciles nommé Francesco Flugi d’Aspermont.

Vous pouvez vous référer à la Chronique du 26 Août 1880 (sa naissance) pour en connaître davantage.

1923

Putsch manqué de la Brasserie. Le coup de force manqué de Munich voit Goering et Hess, en tête de colonne à côté de Hitler. Goering sera blessé et s’enfuira à Innsbrück où il sera soigné.

Hitler, Rudolf Hess et plusieurs autres chefs du parti National-Socialiste se retrouvent sous les verrous. C’est Rudolf Hess qui va servir de secrétaire à Hitler et taper sous sa dictée le sinistre " Mein Kampf ".

Un autre chef, moins connu, mais qui fut le rival d’Hitler est lui aussi emprisonné. Il s’agit de Grégor Strasser. Membre du parti nazi (Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, Parti ouvrier allemand national-socialiste) dès 1920, Grégor Strasser en est le leader à Berlin. Il participe au putsch de Munich des 8 et 9 novembre 1923 et se retrouve en prison pour un an. En 1924, il est élu député en Bavière puis au Reichstag à Berlin. Dans la capitale, il fait un travail politique considérable, et il y structure et implante solidement le parti nazi. Mais Hitler voit d’un œil méfiant la réussite de Grégor Strasser, lequel préconise l’imitation des soviets. De plus, Hitler est mécontent du développement du journal fondé par Strasser, l’Arbeiter Zeitung  (1925), qui concurrence à Berlin le Völkischer Beobachter  de Munich.

Les heurts entre les deux chefs nazis se multiplient. Après le succès remporté par Hitler aux élections présidentielles des 13 mars et 10 avril 1932 (il a obtenu 30 p. 100 puis 36 p. 100 des voix), Grégor Strasser désire que le Führer s’entende avec Hindenburg et Brüning, mais Hitler est réticent. Si les élections législatives du 31 juillet 1932 constituent un triomphe pour le N.S.D.A.P., celles du 6 novembre 1932 sont un échec retentissant. Strasser est prêt à accepter du nouveau chancelier Schleicher l’offre d’entrer comme vice-chancelier dans le cabinet.

Mais Hitler, poussé par Goering et Goebbels, l’accuse de trahison. Les hautes instances du parti nazi se réunissent. Tous désavouent Strasser et se déclarent prêts à poursuivre la lutte aux côtés de Hitler. Alors Strasser perd son sang-froid et, sans même essayer de résister, il abandonne le parti nazi et se retire de la vie politique. Mais ses ennemis ne l’ont pas oublié et il sera l’une des victimes de la "Nuit des longs couteaux".

Vous pouvez lire à ce sujet la Chronique du 30 Juin 1934 (Nuit des longs couteaux).

1970

Charles de Gaulle meurt, foudroyé par une rupture d’anévrisme, alors qu’il était en train de mener à bien une " réussite ".

Georges Pompidou, son successeur, s’écrie : " La France est veuve ! ".

1980

Légalisation de " Solidarnösc " en Pologne.

C’est aux chantiers navals de Gdansk qu’est né le Syndicat Solidarnösc " (Solidarité) dont Lech Walesa fut longtemps le leader charismatique (et très médiatique). Il fut longtemps interdit.

Contrairement à Gomulka en 1970, le président Polonais Gierek s’est décidé, en 1980, à négocier. En 1971, il avait annoncé que, dans des cas exceptionnels, le rôle de l’armée n’était pas de tirer contre les ouvriers. Après l’échec à Gdansk du premier négociateur, (Tadeusz Pyka, vice-président du Conseil), un second réussit, après quelques jours de pourparlers dramatiques avec Lech WaLesa, à signer, le 31 août 1980, les accords dits de Gdansk.

Ces accords, publiés et acceptés par le gouvernement, autorisaient l’existence d’un syndicat indépendant (Solidarité), légalement établi et entériné le 9 novembre 1980 par la Cour suprême. D’autres points furent acquis : la réintégration de tous les travailleurs injustement licenciés, la libération des prisonniers politiques et des syndicalistes (dont Kuron et d’autres dirigeants du K.O.R.), le droit d’accès aux moyens de l’information de masse, la reconnaissance effective du droit de grève, etc

La cinéaste Agnès Wajda a réalisé divers films sur la Pologne d’aujourd’hui : " l’Homme de Marbre " (1976), " Sans anesthésie "  (1977), " Le Chef d’orchestre "  (1979) et, surtout, " L’Homme de fer "  (palme d’or à Cannes en 1981).

À travers l’histoire du fils du héros de L’Homme de marbre , Wajda montre la Pologne de 1980, les émeutes de Gdansk de 1970 à 1980 et la naissance du syndicat Solidarité. Lech WaLesa y interprète son propre rôle. Si le film intéresse par son aspect documentaire, il est moins satisfaisant du point de vue artistique, l’amalgame se faisant mal entre les scènes narratives et les bandes d’actualité que Wajda a intégrées au montage.

1989

La chute du " Mur de Berlin ". Ouverture et " libre circulation " …

L’ouverture du Mur, le 9 novembre 1989, bien loin, comme certains l’avaient espéré, de tarir l’exode des Allemands de l’Est ne fait que l’amplifier, et la R.D.A., (près de 500000 réfugiés quittent l’ancienne république " démocratique pour la république " fédérale ", sans compter près de 400.000 réfugiés des dictatures de l’Est). La RDA est de plus en plus vidée de sa substance et n’a plus qu’à aller se jeter dans les bras de la République fédérale qui, le 3 octobre 1990, l’accueille solennellement en son sein. Gorbatchev, qui avait imprudemment déclaré, quelques mois plus tôt : " la réunification ? on en parlera dans cent ans ", s’est vu obligé de l’entériner et même d’accepter que le nouvel État demeurât au sein de l’O.T.A.N. Il faut dire que Kohl, pour arriver à ce résultat, n’a pas lésiné sur l’ouverture au Kremlin des crédits dont celui-ci a tant besoin.

Tout l’ensemble des démocraties populaires de l’Est s’effondre en quelques semaines. Après les élections en Pologne en juin 1989, après la proclamation de la République en Hongrie en octobre 1989, c’est la disparition du Mur de Berlin le 9 novembre 1989 qui symbolise le mieux la chute de l’ancien monde.

En Bulgarie, le 10 novembre, Todor Jivkov quitte la direction du Parti communiste, qu’il occupait depuis 1954. Et, un mois plus tard, son successeur, Petar Mladenov, promet des élections libres en mai 1990 et l’abolition du rôle dirigeant du parti.

En Tchécoslovaquie, à la suite des manifestations à Prague les 17 et 19 novembre, le bureau politique du P.C. démissionne en bloc le 24 novembre. Gustáv Husák, président de la République, démissionne le 10 décembre. Le 29 décembre, l’écrivain dissident Václav Havel est élu président de la République par le Parlement, à l’unanimité.

En Roumanie, le 22 décembre, Nicolae Ceaušescu est renversé. Il est exécuté le 25 décembre. L’U.R.S.S. ne bouge pas. Elle a renoncé à recourir à la force et se borne à prendre acte des changements intervenus.

Le 31 août 1990, avec son accord implicite, est signé le traité d’unification entre la R.F.A. et la R.D.A. Le 28 juin 1991, le C.A.E.M. est dissous. Il en est de même pour le pacte de Varsovie le 1er juillet 1991.

L’" Europe de l’Est ", dénomination plus récente utilisée pour qualifier les " démocraties populaires ", disparaît. Elle redevient l’Europe centrale et orientale.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 11/11/98, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !