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Chroniques du 4 Décembre.

Sommaire

1812

Le duc de Rocca Romana, un proche de l’Empereur, accompagnait Napoléon durant la retraite de Russie. Après la Bérézina, la température qui est tombée à moins 30degrés, provoque le gel de ses doigts de main et de pied. Menacé par la gangrène, il procède lui-même à l’ablation de ses propres doigts. Au moyen d’un simple couteau et avec de l’alcool de pomme de terre, il se coupe les doigts du pied gauche et ensuite les doigts de sa main gauche. Plusieurs centaines de soldats subirent le même sort, sans avoir le courage de leur chef. Ce sont les chirurgiens de l’armée, qui, débordés, procédèrent en hâte à ces opérations.

1902

Naissance à New-York, d’un maître du Polar, William Irish.

Irish Cornell George Hopley-Woolrich, dit William Irish, est un écrivain américain. Surnommé l’Edgar Poe du XXe siècle, considéré comme un maître du mystère, William Irish est né le 4 décembre 1903 à New York. Après le divorce de ses parents, il passe une adolescence choyée dans sa famille maternelle. Il termine des études supérieures au Columbia College quand une maladie le cloue au lit. Il écrit alors, en 1925, son premier roman, Cover Charge , qui se vend bien. Il se consacrera désormais à l’écriture.

Influencés par Scott Fitzgerald, ses romans signés Cornell Woolrich ont du succès jusqu’en 1932. Commence alors une période noire : on ne veut plus publier ses livres, et Irish meurt de faim. Il continue cependant à écrire, et le besoin l’entraîne vers le marché des pulps  (magazines à bon marché), auxquels il fournit à partir de 1934 de très nombreuses nouvelles (il en a écrit plus de 350).

En 1940, il commence à écrire une série de romans policiers avec " La mariée était en noir "  (The Bride Wore Black ), que suivent très vite " Retour à Tillary Street "  (The Black Curtain , 1941), " Alibi noir "  (Black Alibi , 1942), Lady fantôme  (Phantom Lady , 1942).

Reclus, alcoolique, diabétique, Irish meurt en 1968, atteint de la gangrène. Sa vie sordide, ses angoisses morales et sa déchéance physique lui ont inspiré des textes désespérés. Dès le titre, l’auteur annonce la couleur. Elle sera "noire" : le mot reviendra souvent, relayé par "peur", "mort", "cauchemar", ou "ténèbres". On reconnaît là, en commun avec Poe, une attirance pour l’horreur et le morbide.

S’il maîtrise parfaitement l’art du suspense, Irish peint la condition humaine avec une angoisse qu’il sait communiquer. Le lecteur suit avec émotion l’évolution de personnages persécutés par le destin. Ainsi dans un de ses romans majeurs, Lady fantôme  : pour prouver qu’il n’a pas assassiné son épouse, le "héros" doit retrouver une autre femme avec qui il a passé la soirée du meurtre, mais qui s’est volatilisée et que personne ne connaît.

La solitude de l’homme dans la société, tel est le thème récurrent des romans et des nouvelles d’Irish, qu’ils soient des récits de détective classiques ou bien qu’ils jouent sur la terreur psychologique. Et si, pour ces personnages banals mais forcés de vivre un martyre, l’amour tient une grande place, il n’y a pas de rémission possible, car la mort mène le jeu. De la solitude au cauchemar, de la violence à la destruction, voilà la tragique dimension humaine proposée par Irish.

C’est la différence flagrante de cette œuvre avec le roman policier classique : dans ce dernier, tout s’éclaire au final et l’aube dissout les monstres ; au contraire, dans les histoires criminelles d’Irish, même si l’on découvre l’assassin, les fantômes demeurent. C’est le monde lui-même qui est un cauchemar, et l’art de cet écrivain est de "nous faire partager l’agonie de ceux qui sont chassés et la terreur de ceux qui sont damnés" (Ellery Queen).

Plus de vingt films ont été tirés de l’œuvre de William Irish. Parmi les plus célèbres, on peut citer " Fenêtre sur cour "  de Hitchcock, ainsi que " La Sirène du Mississippi "  et " La mariée était en noir " , réalisés tous deux par François Truffaut.

1922

Naissance à Cannes, de l’acteur français, Gérard Philipe.
Je vous en ai parlé le 25 Novembre (1959). Veuillez vous référer à ces chroniques.

1972

Dernier voyage sur la Lune pour les Américains.

Ils en ramèneront plusieurs dizaines de kilos de roches, non adhérentes, c. à d. placées là par des phénomènes dynamiques violents.

1976

Jean-Baptiste Bokassa promulgue une nouvelle Constitution impériale et se fait proclamer Empereur.

Un putsch permit au colonel Jean Bedel Bokassa d’établir son pouvoir après avoir pris de vitesse et éliminé de la compétition le commandant de gendarmerie Jean Izamo, autre conjuré de la Saint-Sylvestre. Un régime provisoire fut établi qui, prévu pour durer le temps nécessaire à " moraliser " (et épurer) l’administration publique, " atténuer les désordres financiers " de l’ancien gouvernement, s’opposer à " la pénétration chinoise " en R.C.A., se maintint jusqu’à l’établissement de la Constitution de l’Empire centrafricain en décembre 1976.

Pendant ces onze ans, le pays fut régi par deux actes constitutionnels de janvier 1966 qui abolissaient la Constitution de 1964. De ces actes, il ressort que le président a tous les pouvoirs exécutif et législatif (par voie d’ordonnances). L’Assemblée nationale est dissoute. Les ministres, responsables devant le chef de l’État, n’ont aucun contreseing. L’armée, instrument de J. B. Bokassa lors du putsch, n’a aucune représentation en tant que corps dans les nouvelles instances dirigeantes. Quant au M.E.S.A.N., dont l’existence est maintenue par déférence à la mémoire de Boganda, auquel J. B. Bokassa est apparenté, il est rapidement pris en main. Dès le début, le pouvoir de Bokassa est personnel et sans limites.

Le personnage du nouveau chef de l’État est extrêmement controversé : président très populaire par sa bonhomie et ses largesses, mais aussi potentat mégalomane et impitoyable envers ses opposants. Par ses décisions inconsidérées, il a ruiné son pays, avec une certaine complicité française et sans que ses actes soulèvent d’autres réactions qu’une vague réprobation, parfois amusée, dans l’arène internationale jusqu’en 1979. Colonel en 1966, il se fait nommer général, puis maréchal, puis, en 1972, président à vie par décision du M.E.S.A.N. L’omnipotence de J. B. Bokassa n’est pas sans entraîner la constitution d’une opposition : plusieurs attentats échouent et leurs auteurs sont exécutés.

Le 10 novembre 1976, le congrès extraordinaire du M.E.S.A.N. décide de transformer la R.C.A. en empire. La Constitution impériale est promulguée le 4 décembre 1976. J. B. Bokassa est proclamé empereur sous le nom de Bokassa Ier et est sacré le 4 décembre 1977 dans un faste indécent : les cérémonies entraînèrent des dépenses supérieures au budget annuel d’équipement du pays, dépenses auxquelles il fut fait face par des ponctions fiscales exceptionnelles, ainsi que par l’aide extérieure, en particulier française. Le style et le coût des cérémonies, ainsi que la caution qu’y apporta la France, créèrent un sentiment de malaise dans la population centrafricaine et, plus généralement, dans l’opinion africaine.

La résistance passive des Centrafricains aux excès du régime cessa lorsque, en janvier 1979, éclata la révolte scolaire et lycéenne. Celle-ci reçut d’emblée le soutien des parents d’élèves et des enseignants. Après une première répression sanglante contre les élèves révoltés soutenus par la grève générale des enseignants, une deuxième répression, en avril 1979, conduisit à l’emprisonnement de plusieurs centaines d’enfants : cent cinquante environ périrent sous les coups à la prison de Ngaragba. L’opposition interne fut momentanément muselée, mais, malgré les démentis du gouvernement impérial et du gouvernement français, les faits furent connus sur l’arène internationale par les communiqués d’Amnesty International et du général Sylvestre Bangui, ambassadeur impérial en France, qui démissionna pour créer un mouvement d’opposition. Dès lors, les chefs d’État africains s’émurent et décidèrent, à la conférence franco-africaine de Kigali, d’envoyer une " mission d’information " à Bangui, ce avec l’accord de J. B. Bokassa, présent à la réunion, qui croyait au soutien de la France.

Tandis que les leaders de l’opposition centrafricaine en exil préparaient une succession encore toute hypothétique et que la France ne savait comment se sortir du mauvais pas où l’avait placée, à deux ans de l’élection présidentielle, les déclarations de son ministre de la Coopération sur les " pseudo-événements de Bangui ", la mission africaine d’information rendit public son rapport le 16 août à Dakar : J. B. Bokassa y était considéré comme responsable de la mort des écoliers emprisonnés.

Le ton monta alors entre Bangui et Paris qui décida de suspendre son aide civile, ce à quoi J. B. Bokassa rétorqua en renouant l’alliance avec la Libye. Profitant du départ de l’empereur pour Tripoli, le 20 septembre, l’armée française s’empara de Bangui et du palais de Bérengo après avoir amené dans ses bagages l’ancien président Dacko qu’elle réinstalla au pouvoir. L’empire s’effondra sans effusion de sang au grand soulagement d’une bonne partie des Centrafricains, des chefs d’État et des couches les plus politisées de l’Afrique.

Ayant excipé de sa nationalité française pour demander à vivre en France, J. B. Bokassa fut exilé en Côte-d’Ivoire d’où, après y avoir vécu en résidence surveillée, il finit par partir pour s’installer dans sa propriété de Sologne après la défaite de V. Giscard d’Estaing à l’élection présidentielle de 1981.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 18/12/98, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !