Mois de Janvier / sommaire des chroniques / sommaire de Camilist
Chroniques du 15 Janvier.Sommaire :
La vieille ville de Strasbourg, bien que très endommagée par la guerre (40 45) conserve encore de très beaux monuments, vestiges des époques révolues. Le plus beau est sans conteste la Cathédrale Notre-Dame des Vosges, construite en grès rose, du XI° au XV° siècle. Toutes les Cathédrales de France ou dailleurs nont pu être édifiée que sur des siècles, non seulement pour des raisons économiques, mais aussi p.c.q. les moyens mis en uvre, sans motorisation, ni mécanisation, finement ouvrés, prenaient des vies entières. Elles sont donc bien des uvres collectives. Mais pourtant, celle de Strasbourg est attribuée à Erwin de Steinbach. !
En 1770, Goethe, en séjour à Strasbourg, est rempli dadmiration pour la cathédrale et croit quErwin de Steinbach est lauteur de son architecture. Il est ainsi à lorigine de la gloire légendaire de maître Erwin.
En fait, Erwin nest responsable que dune partie de léglise. Il est connu par deux inscriptions. La première, en partie conservée au musée de luvre, figurait sur la corniche dune chapelle dédiée à la Vierge, bâtie dans la nef de la cathédrale devant le jubé. Elle mentionne que maître Erwin fit cette chapelle en 1316. La seconde est lépitaphe de la famille de Steinbach, placée sur un contrefort extérieur de la chapelle Saint-Jean-Baptiste, toujours à la cathédrale. Le nom de la femme dErwin, Husa, morte en 1316, vient en premier, suivi de celui dErwin, qualifié dadministrateur de la fabrique (gubernator fabrice ), mort le 15 janvier 1318, et du nom de leur fils, Jean, maître de luvre de la cathédrale, décédé le 18 mars 1339.
Erwin a un autre fils, architecte de léglise de Niederhaslach, Gerlach. Il est donc architecte, membre dune famille de constructeurs et administrateur. On lui attribue, à la cathédrale de Strasbourg, le décor intérieur du narthex et létage de la rose de la façade occidentale, ainsi que, parfois, le tombeau sous enfeu (niche à fond plat) de lévêque Conrad de Lichtenberg, exécuté vers 1300 dans la chapelle Saint-Jean-Baptiste, dans lequel un petit personnage barbu, sculpté en relief, le représenterait.
Erwin doit modifier le premier projet de la façade pour raccorder létage de la rose aux parties hautes de la nef. Le réseau rayonnant de la rose, le décor du narthex rappellent la façade méridionale du transept de Notre-Dame de Paris et font penser que maître Erwin a voyagé en France avant de travailler à la cathédrale de Strasbourg.
1790 La France envisage de créer 80 départements parfaitement carrés de 324 lieues carrées de superficie.Prise dans lengrenage des réformes, lAssemblée nationale constituante, née de la Révolution française de 1789, sactiva aussitôt de donner à la France lunité qui lui faisait défaut. Pour lutter contre la féodalité, il lui parut en effet nécessaire dabolir les divisions provinciales.
Le 3 novembre, Jacques Thouret présentait un plan : quatre-vingts carrés égaux de 324 lieues carrées de superficie, partant de Paris, devaient constituer autant de départements. Ce projet servit de base à la division de la France en quatre-vingt-trois départements, le 15 janvier 1790. Chacun de ceux-ci était divisé en cantons et en communes. Les provinces perdaient toute existence légale ; les départements étaient placés sur un pied dégalité et administrés par des autorités locales.
Les constituants ont-il voulu détruire la centralisation de lAncien Régime en supprimant les intendants ? Ont-ils souhaité au contraire anéantir les vieilles provinces en les morcelant en départements ? La question na pas encore reçu de réponse satisfaisante.
En réalité, on en arriva rapidement à une trop grande décentralisation. Conseil et directoire placés à la tête des départements se recrutaient sur place par élections ; en revanche, le roi nétait représenté par aucun agent capable dimposer son autorité dans le département. Edmund Burke devait prédire leffondrement de ce système de quatre-vingt-trois municipalités indépendantes rendant impossible le gouvernement de la France comme un seul corps. Et de prédire : " Toutes ces républiques ne supporteront pas longtemps la suprématie de celle de Paris " !
1809 La naissance à Besançon dun théoricien de lanarchisme, réformateur social, Pierre Joseph Proudhon.Les origines de Pierre Joseph Proudhon, né le 15 janvier 1809 à Besançon dun père garçon brasseur et dune mère cuisinière, sont, au contraire de celles de Marx et de la plupart des réformateurs sociaux (de Saint-Simon à Lénine), authentiquement plébéiennes.
Placé tout jeune comme bouvier dans la campagne franc-comtoise, Proudhon est admis à dix ans comme boursier au collège royal de Besançon. Il y remporte, malgré des conditions de travail très précaires, tous les prix dexcellence. Obligé, par la nécessité, dinterrompre ses cours en rhétorique, il devient successivement typographe, prote, boursier de lacadémie de Besançon (il complète sa formation intellectuelle à Paris, aux Arts et Métiers et au Collège de France), artisan imprimeur ; fondé de pouvoir pendant cinq ans dans une entreprise de navigation fluviale lyonnaise, il acquiert une expérience réelle des mécanismes de lentreprise et aussi de la bureaucratie.
Il pratique ensuite son métier de journaliste-écrivain, quil poursuit inlassablement, en compagnie de sa femme, une ouvrière, et de ses enfants, à travers dincessantes difficultés matérielles, des procès politiques, les révolutions, la députation, la prison (trois ans) et lexil.
Il meurt à cinquante-six ans, le 19 janvier 1865, épuisé par un immense labeur, et laissant une uvre fleuve quil naura jamais eu le loisir de résumer (plus de quarante ouvrages représentant près de cinquante volumes, sans compter les articles des trois journaux quil a successivement créés).
Considéré comme le père de la pensée anarchique, l'écrivain français du XIXe siècle, Pierre Joseph Proudhon (1809-1865), estimait que les règles unissant l'individu à la société devaient se situer à l'opposé du contrat social défini par Rousseau. Selon Proudhon, la conception rousseauiste du pouvoir ne pouvait qu'être arbitraire, dans la mesure où elle ne concernait que la sphère politique et se désintéressait des aspects économiques et sociaux. Sans renier la nécessité de se plier à un contrat collectif, la pensée anarchiste souhaitait que celui-ci fut aussi proche que possible des besoins de chacun, et à ce titre il devait donc se modifier en fonction des évolutions individuelles.
Aussi la prise en considération des aspirations de chacun se traduisait par un fédéralisme, tant professionnel que régional, afin que l'organisation collective fut librement consentie par tous. Ainsi, toute forme de gouvernement devait-elle être rejetée, tant qu'elle ne représenterait les intérêts que d'un groupe, même majoritaire. De même, l'anarchisme s'opposait au système parlementaire, dans lequel l'individu était dépossédé de son droit de contestation, et lui préférait le syndicalisme. Concernant la propriété, deux tendances s'opposaient, l'une prônant le maintien de la propriété individuelle et l'autre développant une conception collectiviste de la répartition des biens.
1918 La naissance dun grand chef détat, Nasser, qui rendit sa grandeur à lEgypte.Jen ai longuement parlé lors de lanniversaire de sa mort, le 28 septembre 1970 et de ses funérailles nationales, le 15 Octobre. Référez-vous en à ces Chroniques.
1979 Vote dune loi sur la jeunesse qui " déjudiciarise " les mineurs québécois coupables dactes délictueux.Le Québec a tenté une intéressante expérience de déjudiciarisation, fondée sur une loi du 15 janvier 1979, qui a été revue en 1984 et qui a soustrait un certain nombre dattributions à la cour du bien-être social pour les transférer à des structures administratives qui sont représentées par le directeur de la protection de la jeunesse.
Tous les mineurs de moins de quatorze ans ayant commis des actes contraires à la loi et aux règlements sont déférés pour une prise en charge sociale au directeur de la protection de la jeunesse. Ce dernier est chargé de leur orientation. Si la mesure éducative est acceptée par le mineur, le directeur de la protection de la jeunesse peut clore le dossier pénal, quelle que soit la nature de linfraction commise. Néanmoins, sil lestime nécessaire, il peut saisir le tribunal de la jeunesse.
Toute lambiguïté de ce système réside essentiellement dans la difficulté que peut éprouver le directeur de la protection de la jeunesse à se prononcer sur la culpabilité du mineur, à remplir une fonction de nature sociale, à accorder au délinquant et à sa famille des garanties suffisantes.
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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 19/01/99,
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