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Chroniques du 4 Mars.

Sommaire :

1193

La mort d’un géant, qui reprit Jérusalem aux Croisés, Saladin.

Né en 1138 à Takrit, en Mésopotamie (aujourd'hui en Irak), Saladin, nom sous lequel il est connu en Occident, était un kurde. Son nom arabe est Salah al-Din Yusuf al-Ayyubi. Il se joignit à d'autres membres de sa famille (la dynastie des Ayyubides) pour servir son oncle Nur al-Din, gouverneur d'Alep (Syrie).

Entre 1164 et 1169, Saladin se distingua au cours de trois expéditions organisées par ce dernier, afin de protéger le califat fatimide décadent d'Égypte contre les attaques des Croisés chrétiens établis en Palestine.

À la mort de son oncle en 1169, il lui succéda au poste de vizir du calife fatimide du Caire. Saladin considérait l'Égypte comme une base politique ayyubide et s'appuyait principalement sur le soutien des siens, les Kurdes. Il relança l'économie de l'Égypte, réorganisa l'armée de terre et les forces navales.

En septembre 1171, il renversa le régime fatimide et se proclama sultan, il instaura la suzeraineté nominale des califes abassides sur l'Égypte et mit fin au schisme religieux entre les chiites d'Égypte et les autres musulmans sunnites.

Après la mort de Nur al-Din en 1174, dans la perspective de réunir en un seul État les terres éparses de l'islam, qui lui avait déjà fait entreprendre la conquête de l'Arabie méridionale, Saladin étendit son pouvoir sur la Syrie et le nord de la Mésopotamie, en éliminant le cas échéant ses rivaux musulmans. Suite à la soumission de Damas (1174), d'Alep (1183) et d'Al-Mawsil (1186), de nombreuses armées musulmanes, alliées sous le commandement de Saladin, étaient prêtes à aller combattre les Croisés.

En 1187, Saladin envahit le Royaume latin de Jérusalem, triompha des Francs à la bataille de Hattin, en Galilée (4 juillet) et s'empara de Jérusalem le 2 octobre, ce qui entraîna les monarchies catholiques d'Europe occidentale à lancer la troisième croisade pour reconquérir la ville sainte (1189).

Les chrétiens concentrèrent leurs efforts sur le siège d'Acre. Saladin tenta vainement de dégager la ville. Finalement Acre succomba en 1191, mais les Croisés ne surent pas profiter de leur victoire pour reprendre Jérusalem.

En 1192, Saladin signa un traité de paix avec Richard Ier Cœur de Lion, roi d'Angleterre, qui permit aux chrétiens de reprendre possession de toute la côte de Jaffa à Tyr, en laissant Jérusalem aux musulmans. Le 4 mars 1193, Saladin décéda à Damas, des suites d'une maladie fulgurante.

L'historiographie musulmane, ainsi que celle d'Occident, a immortalisé Saladin comme un modèle de vertu chevaleresque.

1678

La naissance d’un prodige musical, Antonio Vivaldi, l’auteur des " Quatre Saisons ".

J’en ai parlé à l’occasion de l’anniversaire de sa mort (17 Juillet 1741). Référez-vous donc à cette Chronique.

1789

Georges Washington devient Président des Etats-Unis d’Amérique.

La place qu'occupe Washington dans l'esprit des Américains est un chapitre fascinant de l'histoire intellectuelle du pays. Washington personnalise pour ses contemporains les valeurs du citoyen-soldat, du "gentleman farmer" éclairé et du nationaliste réaliste, en stabilisant la politique de la jeune République. Peu après sa mort, un prêtre, Mason Locke Weems, écrit une biographie romancée du président pour les enfants, mettant l'accent sur l'honnêteté, la piété, l'abnégation, le patriotisme et la sagesse du grand homme. Ce livre, plusieurs fois réédité, popularise l'anecdote selon laquelle Washington, enfant, avait refusé de mentir pour échapper à la punition qui l'attendait pour avoir coupé le cerisier de son père. Washington a longtemps servi de symbole pour l'identité américaine, au même titre que le drapeau, la constitution ou la date du quatre juillet. Dans les années 1920, un livre en plusieurs volumes de l'Américain Rupert Hughes dénigre Washington, qui participe à la déformation de la conscience du peuple américain de ses origines culturelles. Mais aussi bien la vénération du héros que le dénigrement catégorique marquent l'aspect essentiel de l'homme: ses qualités de commandement et ses principes personnels étaient exactement ceux qu'attendait sa génération. Ainsi, les historiens ont pu constater que la contribution de Washington à la création de la nouvelle nation avait été jusque là quelque peu sous-estimée par les spécialistes de la question.

J’en ai parlé à l’occasion de l’anniversaire de sa mort (14 décembre 1799).

Veuillez vous référer à cette Chronique.

1861

Abraham Lincoln accède à la présidence des Etats-Unis d’Amérique.

Abraham Lincoln fut président des États-Unis du 4 mars 1861 au 15 avril 1865. Il a gouverné son pays pendant la période la plus critique de son histoire, la guerre de Sécession. Lors de ce conflit, onze États du Sud, décidés à conserver le système d’esclavage noir qu’ils pratiquaient et même à l’étendre, échouèrent lorsqu’ils tentèrent de se séparer de l’Union (américaine) et de constituer une nation indépendante.

La guerre fut, pour Lincoln, l’occasion de mettre un terme à l’esclavage dans son pays. Sa proclamation d’émancipation, qui affranchissait les esclaves dans tous les États ou parties d’État rebelles, lui valut le titre de " grand émancipateur ", bien que, actuellement, certains historiens et de nombreux intellectuels noirs contestent le bien-fondé de cette dénomination. Ils prétendent que la loi qui a définitivement aboli l’esclavage est le treizième amendement de la Constitution, ratifié le 18 décembre 1865, huit mois après la mort de Lincoln.

En tant que président, Lincoln a maintes fois affirmé sa foi en la démocratie, en particulier dans le bref discours qu’il prononça lors de l’inauguration du cimetière militaire de Gettysburg en Pennsylvanie, où avait eu lieu, du 1er au 3 juillet 1863, l’une des plus grandes batailles de la guerre (une victoire de l’Union). C’est là que, le 19 novembre 1863, il engagea ses concitoyens à décider " que ces morts ne soient pas morts en vain, que cette nation, avec l’aide de Dieu, connaisse un renouveau de liberté, et que le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ne disparaisse pas de notre planète ".

Selon toute probabilité, la mort tragique de Lincoln a contribué à sa renommée. Au moment de son assassinat, il affrontait un Congrès résolu à imposer au Sud vaincu des conditions beaucoup plus dures que celles dont il était partisan. Il n’est pas certain qu’il aurait pu faire triompher ses vues dans le corps législatif. Dans la négative, sa grandeur aurait peut-être subi le même sort que celle de Woodrow Wilson qui, couvert de gloire à la fin de la Première Guerre mondiale, ne réussit pas à faire entrer son pays dans la Société des Nations et mourut désabusé.

1896

Une certaine demoiselle Couédon, Bretonne de naissance, s’attire les foudres des " voyants " professionnels.

Elle préside une séance de spiritisme à la Société des Sciences Psychiques et prédit l’avenir des peuples en se basant sur des " révélations " faites par l’Archange Gabriel lui-même. Elle est prise très au sérieux par ses auditeurs.

Mais un voyant traditionnel qui est dans l’assemblée crie au scandale et porte l’affaire devant la justice pour escroquerie.

L’association des "voyants professionnels" gagne le procès et Mademoiselle Couédon doit se dédire publiquement.

1948

La mort, près de Paris, à l’hôpital d’Ivry-sur-Seine, d’Antonin Artaud, poète, auteur dramatique et comédien français dont les théories et l’œuvre influencèrent le développement du théâtre expérimental.

J’en ai parlé à l’occasion de l’anniversaire de sa naissance, le 4 septembre 1896. Référez-vous donc à cette Chronique.

1972

La carrière politique d’un Belge de première importance prend une tournure nationale. Wilfried Martens devient président du parti le plus influent en Belgique, et à l’époque le plus nombreux, le " Christelijke Volkse Partij ", Parti Social Chrétien.

Aujourd’hui, 27 ans plus tard, il abandonne sa carrière belge et ne se présente plus aux élections européennes, en rupture avec son parti d’origine. Mais il reste Président du parti Populaire Européen.

Né en 1936, bien avant de militer dans un parti politique, Wilfried Martens fut d’abord un militant flamand.

Cet engagement de plusieurs années dans le mouvement flamand débuta dès ses années d’université. Il appartient à la génération qui opère la résurgence à visage découvert de ce mouvement, après les années d’expression discrète de l’immédiat après-guerre.

La manifestation d’étudiants flamands protestant au cours de l’été de 1958 contre l’usage exclusif du français au pavillon de la République française à l’Exposition internationale et universelle de Bruxelles symbolise assez bien l’irruption de cette génération, qu’on retrouve au Vlaamse Volksbeweging (V.V.B., Mouvement populaire flamand) et au Vlaams Aktiekomitee voor Brussel en de Taalgrens (V.A.K., Comité d’action flamand pour Bruxelles et la frontière linguistique).

Wilfried Martens est, à partir de 1960, membre du bureau du V.V.B., groupe de pression flamand pour une réforme fédérale de l’État, et présente le rapport politique à son congrès du 4 février 1962. Il est trésorier du V.A.K., qui organise en octobre 1961 et en octobre 1962 les " marches flamandes sur Bruxelles ", manifestations de masse par lesquelles le mouvement flamand entend exercer une pression sur le monde politique et sur l’opinion à la veille de l’adoption d’une nouvelle législation sur l’emploi des langues.

Une autre période de sa carrière s’ouvre ensuite avec son engagement dans une formation politique. Il devient, en février 1967, président des C.V.P.-Jongeren (jeunes sociaux-chrétiens flamands) où il adopte une démarche visant au rapprochement ou à tout le moins au dialogue avec les jeunes socialistes flamands.

Il devient, le 4 mars 1972, président du Christelijke Volkspartij (C.V.P.), premier parti de Flandre (et de Belgique). Il est élu député de Gand le 10 mars 1974. Au cours des délicates négociations institutionnelles de 1977-1978, il fait figure de garant des engagements souscrits par son parti, ce qui en fait le successeur potentiel du Premier ministre Leo Tindemans (qui lui succédera à la présidence du parti).

Après la longue crise de l’hiver de 1978-1979, il devient Premier ministre. À la tête de coalitions entre sociaux-chrétiens et socialistes (élargies aux fédéralistes bruxellois du F.D.F. jusqu’au début de 1980 et aux libéraux au cours de l’été de 1980), il donne dans un premier temps la priorité au règlement des problèmes institutionnels. Après la quatrième révision de la Constitution et les lois de réformes institutionnelles d’août 1980, les sociaux-chrétiens arbitrent le désaccord entre socialistes et libéraux sur la politique financière et économique en maintenant leur alliance avec les premiers seuls.

C’est le Premier ministre lui-même qui va, quelques mois plus tard, opérer le virage décisif, lors du sommet européen de Maastricht. Après une retraite de quelques mois, après de nouvelles élections (une défaite pour son parti, qui obtient le plus mauvais résultat de son histoire), Wilfried Martens prend, à la fin de 1981, la tête d’une coalition avec les libéraux qui donne cette fois la priorité aux problèmes budgétaires et qui sera reconduite après les élections d’octobre 1985.

Après une nouvelle défaite électorale grave de son parti en décembre 1987 et une très longue crise gouvernementale, Wilfried Martens se succède à lui-même en mai 1988 à la tête d’une coalition associant cinq partis (socialistes francophones et flamands, sociaux-chrétiens flamands et francophones, fédéralistes flamands de la Volksunie) qui réalise à nouveau en 1988-1989 d’importantes réformes institutionnelles.

En novembre 1991, à la suite des élections législatives, il remet sa démission au roi Baudouin ; il reste en fonctions jusqu’à la formation du nouveau gouvernement, dirigé par Jean-Luc Dehaene, en mars 1992. Wilfried Martens bat ainsi le record de longévité des Premiers ministres de l’après-guerre en pratiquant, dans la tradition de son parti (qui occupe une position dominante dans le système politique de la Belgique comme dans celui de la Flandre), des politiques différentes avec des partenaires différents. En juin 1994, Wilfried Martens est élu député au Parlement européen. Il est également président du Parti populaire européen, qui regroupe les démocrates-chrétiens européens.

Aujourd’hui, lors de la publication de la liste électorale de son parti aux Elections Européennes de Juin prochain, il est placé en deuxième position derrière la ministre du travail, Miet Smets. Il conteste ce " déclassement " et rompt avec le C.V.P.

Officieusement on lui reproche son divorce et son remariage, ce qui est très mal vu, aujourd’hui encore dans la Flandre dominée par l’épiscopat chrétien. De même les démocrates lui reprochent également ses positions favorables à l’entrée du parti nationaliste italien d’extrême droite (Sforza Italia) dans le parti populaire européen.

Sa politique financière durant ses 12 années de gouvernement lui attirent également les reproches des financiers qui voient en lui le principal responsable de l’agrandissement de la dette publique par sa politique financière démagogique.

Mais ce vieux renard de la politique, dopé par l’amour de sa jeune épouse, peut encore faire parler de lui …

1979

Découverte des anneaux de Jupiter par les caméras de la sonde spatiale Voyager-1.

La densité de ces anneaux paraît environ un milliard de fois plus faible que celle des anneaux de Saturne, ce qui explique que, situés très près du disque brillant de la planète, ils n’aient jamais été observés auparavant depuis la Terre : leur détection est aussi difficile que le repérage à grande distance d’une faible bougie située à côté d’un puissant phare marin.

Si l’on effectue des observations dans l’infrarouge à une longueur d’onde de 2,2 micromètres (le méthane, abondant dans l’atmosphère de Jupiter, est alors quasi opaque), le rapport luminosité des anneaux sur luminosité de la planète est fortement augmenté et les anneaux peuvent être détectés depuis la Terre, ce qui a été accompli cinq jours après leur découverte par Voyager-1.

Cette découverte a permis d’expliquer pourquoi, lors de son survol de Jupiter cinq ans auparavant, Pioneer-11 avait observé à certaines distances de la planète des variations brusques dans le nombre de particules chargées en orbite autour de Jupiter ; certains scientifiques avaient alors émis l’hypothèse que Jupiter possédait des satellites non encore découverts ou des anneaux aux endroits où le nombre de particules de haute énergie décroissait ; cinq ans plus tard, cette hypothèse était vérifiée !

La découverte des anneaux de Jupiter, survenant deux ans après celle des anneaux d’Uranus, montrait que l’existence d’anneaux autour des planètes géantes était naturelle. Comme ceux de Saturne et d’Uranus, les anneaux de Jupiter possèdent des bords nets et des satellites proches ; cependant, ils sont beaucoup plus ténus et bien différents. Pour l’instant, on ne connaît évidemment ni la taille ni la nature des particules de cet anneau : situées à l’intérieur de la magnétosphère de Jupiter, elles sont probablement chargées. On peut distinguer quatre composantes : un anneau brillant d’environ 6 000 kilomètres de largeur est prolongé vers l’extérieur par un bord très brillant d’environ 800 kilomètres de largeur. Vers l’intérieur, du matériau plus dispersé s’étend jusqu’au sommet des nuages de Jupiter ; un halo très ténu enveloppe le tout.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 05/03/99, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !