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Chroniques du 15 Mars.

Sommaire :

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L’assassinat par des opposants dont son propre fils, d’un grand homme d’état, Jules César.

Caius Julius Caesar est né à Rome, en juillet 101 avant J.-C., d’une famille patricienne qui prétendait descendre de Iulus, fils d’Énée (le héros de l’Enéide, qui a fui Troye, prise par les Grecs), et par là même de Vénus. 

Héritier spirituel et politique de Marius, ambitieux, mais à la mesure de ses capacités et de ses dons éblouissants, César apparut, vers l’année 65, comme un des principaux chefs du parti populaire. Son alliance avec Pompée et Crassus leur permit à tous trois, sous le couvert de la légalité, de se partager l’influence et le pouvoir.

Après son consulat de 59, remarquable à tous égards, il se fait octroyer les provinces de l’Illyricum et des Gaules Cisalpine et Narbonnaise, à partir desquelles il mène à bien la difficile conquête de la Gaule encore indépendante, se forgeant par là même une armée entraînée et dévouée, et s’attirant gloire et richesse.

Une fois en possession de ces instruments, il refuse de se plier aux conditions de ses rivaux, de se démettre de son commandement, et déclenche contre Pompée et le Sénat la guerre civile. Il en sort victorieux et, se faisant nommer dictateur, établit à Rome son pouvoir sans partage. Il entreprend une série de réformes profondes.

Mais, soupçonné d’aspirer à la royauté, il est assassiné par quelques sénateurs, le 15 mars 44 avant J.-C. Il est, avant Auguste, son petit-neveu qui se réclame de son nom, le véritable fondateur de la monarchie impériale à Rome.

Mais César n’a pas été seulement un chef militaire et politique de premier rang, il a laissé une œuvre littéraire qui survit à travers tous les bouleversements historiques. Dans ses Commentaires  " Commentarii rerum gestarum ", il a relaté sept de ses campagnes en Gaule, " La Guerre des Gaules ", (Bellum Gallicum , liv. I-VII, années 58 à 52 av. J.-C.) et les deux premières années de la guerre civile qui le firent vainqueur de Pompée, " La Guerre civile ", (Bellum ciuile, années 49 et 48). Tandis que d’autres productions, sans doute médiocres, ont disparu, ces récits d’une sobriété attique et d’un art exceptionnel ont servi à la fois le renom militaire et la gloire littéraire de César.

Mais qui était donc ce Brutus, fils adoptif de César et pourquoi fera-t-il partie des conjurés ?

Né en – 85, Brutus Marcus Junius est le fils de Servile, une sœur de Caton d’Utique, et d’un Brutus partisan de Marius qui fut tué par Pompée après le siège de Modane. Brutus est peut-être aussi le descendant de celui qui fut un des fondateurs de la République romaine et qui contribua en ~ 509 à la chute des rois Tarquins.

Plutarque, qui lui a consacré une de ses biographies dans ses Vies des hommes illustres, le montre orphelin, élevé par un oncle et passionné d’études philosophiques. Brutus apparaît comme un homme brave et réfléchi, et surtout comme un idéaliste qui accepte de rejoindre le parti de Pompée, pourtant meurtrier de son père, parce que ce dernier représente la République face aux menées factieuses de César et de ses partisans.

Brutus fait donc passer, en démocrate, l’intérêt général avant ses ressentiments personnels. Ainsi préfère-t-il une république romaine, dont il sait qu’elle est aux mains des patriciens et de l’oligarchie sénatoriale, au césarisme et au despotisme d’un seul, même si celui-ci est soutenu par le peuple. Toute la conduite de Brutus est dominée par l’idéal républicain. Vaincu à Pharsale en ~ 48, il se met au service de César qui, pour se le concilier, le considère comme son fils et l’adopte. Il accepte même le poste de gouverneur en Gaule Cisalpine, puis la fonction de prêteur urbain.

Ce stoïcien semble se soumettre aux lois du vainqueur. Mais il espère surtout que sa présence auprès de César permettra de sauver l’essentiel du régime républicain. Brutus ne connaît pas la haine, il n’a pas d’ambitions personnelles ; mais lorsqu’il s’aperçoit que César pourrait un jour, en dépit de ses protestations apparentes, ceindre la couronne des rois, sa conscience se révolte et il accepte avec une calme résolution d’entrer dans la conjuration qui doit abattre le dictateur.

Aux ides de mars, le 15 mars ~ 44, il est de ceux qui lèvent le poignard sur son père adoptif. Ce dernier, voyant que Brutus s’apprête à lui porter un coup, comprend qu’il est perdu et prononce en grec la célèbre phrase, cette interrogation douloureuse dont les historiens latins se sont fait l’écho : "Tu quoque, fili ! "  "Et toi aussi mon fils " Et se couvrant de son manteau, il accepte la mort. Brutus qui n’est pas un homme politique n’a guère prévu de plan après le succès de la conjuration.

Devant les réactions de Marc Antoine et du peuple romain, il doit prendre la fuite avec d’autres conjurés, parmi lesquels Cassius. Il lève en Orient une armée républicaine qui sera confrontée dans la plaine de Philippes à celles d’Octave et d’Antoine en octobre ~ 42. Cassius y est vaincu et tué, et Brutus comprend que sa cause est perdue. Il ne veut pas survivre à un monde qui tend vers une monarchie absolue et qui rejette les principes républicains. Il se tue en se jetant sur l’épée que lui tend son maître, le rhéteur Strabon. Plutarque prétend que Marc Antoine fit enterrer Brutus avec les honneurs. Suétone affirme en revanche qu’Octave lui fit trancher la tête et que celle-ci fut jetée en signe de vengeance et d’expiation aux pieds de la statue de César à Rome.

1493

La rentrée triomphale de Christophe Colomb à Palos, de retour des " Indes ".
J’en ai parlé le 3 Août à l’occasion de l’anniversaire (1492) de son départ.

1835

La naissance à Vienne du cadet des Strauss, Eduard

J’en ai parlé le 28 décembre, à l’occasion de l’anniversaire de sa mort (en 1916).
Référez-vous à cette Chronique.

Hier, 14 mars, c’était l’anniversaire de la naissance (en 1804) de son père Johann Strauss.

J’ai également parlé de Johan, son frère, le 25 octobre (1825) à l’occasion de l’anniversaire de sa naissance et le 3 juin (1899) à propos de sa mort.

1894

Un jeune belge saute sur le parvis de la Madeleine, à Paris, avec l’engin qu’il transportait.

Pauwels est un jeune anarchiste, belge d’origine, qui voulait punir quelques boursiers et quelques patrons d’industrie de leur exploitation sur le monde ouvrier ; ainsi que venger l’exécution d’Auguste Vaillant qui avait lancé une bombe à la Chambre des Députés en décembre 1893.

La période des attentats anarchistes précède en France la Première Guerre mondiale, avec une nouvelle insurrection irlandaise et l’agitation des nationalismes en Europe centrale. L’anarchisme se développe en France chez les disciples de Bakounine regroupés dans une association internationale, à Paris, le 22 mai 1881 – cinq ans après la mort de leur maître à penser, préconisant la " propagande par le fait ", destinée à affirmer par des actes révolutionnaires les principes anarchistes.

Quelques attentats sont commis contre l’impératrice d’Autriche, le roi Humbert d’Italie, le président des États-Unis, McKinley, aussi inutiles que les attentats manqués contre le roi Édouard VII à Bruxelles et, en 1900, contre les jeunes souverains d’Espagne, le jour même de leur mariage. Des bombes éclatent également à Chicago en 1887 et dans un théâtre de Barcelone en 1894.

Une brève flambée terroriste bouleverse la France. Le cordonnier Léauthier poignarde " le premier bourgeois venu ", le 13 novembre 1893 – en fait le ministre de Serbie à Paris –, ce qui n’était sans doute pas un simple effet du hasard. La même année, une bombe explose dans la Chambre des députés, l’auteur Auguste Vaillant est arrêté et exécuté quelques mois plus tard. Un anarchiste malchanceux, le pauvre belge Pauwels, saute sur le parvis de la Madeleine, le 15 mars 1894, avec l’engin qu’il transportait. Le 4 avril, une bombe explose dans un restaurant et, le 24 juin 1894, le président de la République, Sadi Carnot, est poignardé.

En réalité, l’action anarchiste tendait au noyautage des syndicats ouvriers pour y répandre une idéologie, et non au terrorisme. Mais il est difficile de distinguer l’anarchiste partisan de l’action directe du criminel de droit commun : ainsi François Claudius Kœningstein, dit Ravachol, noyant les crimes les plus odieux – tels l’assassinat crapuleux d’un vieillard, la profanation d’une tombe, des attentats contre divers immeubles – dans l’habituelle phraséologie " révolutionnaire ".

Les Bandits tragiques, appelés aujourd’hui la " bande à Bonnot ", illustrent cette confusion constante : une idéologie anarchisante servant de prétexte à des crimes de droit commun jusqu’à une prise en main orientée par un " réseau de soutien " autour du journal " L’Anarchie ", à la fin de 1911, avec un certain Kilbatchiche, lequel passera plus tard en Russie bolcheviste et connaîtra, sous le nom de Victor Serge, une célébrité d’écrivain révolutionnaire trotskiste.

Cam.

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Toutes ces chroniques ont été écrites par Cam (cleclercq@cybernet.be)
Dernière modification le 05/04/99, ©camilist 1998 --- une remarque ? jrmasson@nordnet.fr !